Dès la première scène, le trouble s’empare du spectateur .
Se déroule sur scène, dans le cadre d’un salon moderne et cossu, une improbable répétition qui réunit trois personnages principaux.
Deux hommes et une femme répètent différentes versions d’une fin de soirée arrosée : une première rencontre reconstituée et interprétée par le «narrateur» et une jeune femme séduisante devant l’autre interprète, observateur visiblement gêné par son rôle souvent remis en question:
«S’il vous plaît... sans revolver»
Début d’intrigue déstabilisante qui va progressivement nous révéler la vie du Professeur Kürmann, marié à une femme «miracle et cauchemar» de son existence.
Ce drame provoquera chez les deux protagonistes, dirigés par «un meneur de jeu», l’évocation d’infinies situations, autant d’ hypothèses susceptibles d’avoir changé le cours de leur vie.
Toutes se dérouleront sous nos yeux dans une succession de renversements de l’intrigue, d’inversion des rôles. Fantastique jeu de miroir, de théâtre dans le théâtre.
Véritable palette d’émotions évoquées dans une labyrinthique succession d’évocations. S’ouvrent d’ infinies possibilités susceptibles de changer le destin, de modifier le cours de nos vies.
Chemins sans issues.
Questionnement sans réponse.
Cruel comme la fin d’un amour passionné, haletant comme une enquête policière, le «Jeu» singulier auquel s’adonne l‘auteur fascine, subjugue, émeut.
Efficace, la mise en scène de Frédéric Bélier Garcia manque cependant de cette part de mystère inhérente de la nature humaine.
Isabelle Carré, plus séduisante que jamais, incarne avec tout le talent qu’on lui connaît la «Fatale» Antoinette, charmeresse et énigmatique épouse infidèle.
José Garcia nous convainc aussi en Professeur Kürmann, stature imposante, diction parfaite, il est cet homme blessé à la recherche de l’impossible échappatoire.
Jérôme Kirschner, très démonstratif est le meneur de jeu, bien entouré de ses assistants Ana Blagojevic et du séduisant Ferdinand Regent-Chappey.
Dans l’impossibilité d’assister à la création au Rond-Point,
Lulu ne saurait trop vous conseiller de découvrir cette reprise.
En cette morne rentrée 2024
Un spectacle rare,
Un grand texte,
Une soirée qui s’impose.