Comment faire face à la mort qui s'installe insidieuse et inexorable.
Comment partager cette souffrance : celle du malade et celle du conjoint
Questions " banales" et terribles.
Isabelle Le Nouvel n'a pas craint de s'y confronter.
Déjouant avec intelligence les pièges auxquels se prête le sujet , sa pièce exclut pathos et mélodrame.
A mes yeux ses qualités essentielles.
Marianne Basler, Syst, et Christophe Malavoy, Brod, forment un couple un peu las au bout de dix ans de vie commune.
Quand Brod apprend la récidive de sa maladie il tente de la dissimuler à Cyst.
Le mal s'aggravant, le secret n'est plus tenable.
Nous suivrons le cheminement de cet homme et de cette femme.
Confrontés à toutes les épreuves de ce parcours sans autre issue que la disparition du conjoint, ils sortiront grandis, vivant un amour intense.
Comme éveillés par la proximité de la mort, ils découvriront l'urgence du moment, le bonheur du partage, l'intensité de leurs sentiments seulement assoupis, nullement disparus.
Parcours semés de crises, d'incompréhensions passagères, de mouvements d'humeur, de soupçons injustifiés.
De courtes scènes nous permettent de vivre à leurs cotés. Les deux réunis, parfois l'un seulement, nous livrant ses pensées.
Marianne Basler et Christophe Malavoy forment un parfait couple d'acteurs: elle toujours séduisante, tout en finesse, en sensibilité, torturée à l'idée de cette disparition, sera la compagne indéfectible, le soutien sans faille, la conseillère des choix douloureux, la complice du dernier rêve fou . Lui, plus rude, presque taiseux, confère une grande dignité à ce malade pudique qui parfois se dévoile.
La pièce hélas ne parvient jamais à nous étreindre. C'est de l'extérieur, en spectateurs passifs que nous assistons à ce drame. Quelques phrases percutantes, surgissant par surprise çà et là, sont très insuffisantes pour restituer l'intensité contenue dans la situation. Le projet est ambitieux. Le talent d'Isabelle Le Nouvel pas à sa mesure.
Des invraisemblances dans la mise en scène de Niels Arestrup ( pourquoi, quand on joue le réalisme, faire se coucher Brod tout habillé, ou lui tendre un verre de whisky vide directement sorti du placard? ) et un décor reconstituant un intérieur particulièrement laid, de Stéphanie Jarre, n'améliorent en rien le spectacle.
Sans ces comédiens la soirée aurait été plus ennuyeuse encore.