Vieil écrivain, l’homme parait perdu dans sa grande maison après la disparition de sa femme. Sa fille est venue pour « l’aider » à préparer l’avenir et trier ses notes inédites en vue de publication.
Anne, son épouse rentre du marché peu après, accompagnée de leur cadette, prise au téléphone par ses complications sentimentales.
Ainsi débute une suite de tableaux troublants, alternant, de façon confondante, disparition et retour de chacun des deux époux, brouillant tout repaire chronologique, révélant une liaison secrète avec la visite d’une femme par lui redoutée, l’intervention d’un agent immobilier, petit ami de la cadette, pour la vente de la maison, ou l’évocation d’un couple qui a préféré le suicide à deux à une mort solitaire.
Si les convocations successives des défunts réveillent des blessures, dévoilent les failles de l’un, le dévouement de l’autre, les difficultés des décisions à prendre par les enfants.
Le coté le plus attachant de la pièce demeure les scènes où nous voyons vivre ?, revivre ? ce couple uni par cinquante années de vie commune au seuil de la mort.
Force de leur présence, vivants ;
Prégnance de leur présence, morts.
Feu follet vacillant, éclair lumineux aussitôt pâli, si semblable à son personnage, Robert Hirsch émeut.
Esprit tour à tour lucide ou embrumé,
Toujours palpable, l’extrême fragilité du personnage, traversé de moments d’infinie douceur ou de colère soudaine, absent ou capricieux.
A ses cotés Isabelle Sadoyan a quelque chose d’apaisant dans son rôle d’épouse totalement dévouée.
« Sans elle, il n’aurait rien accompli » résume sa fille.
Claire Nadeau, sa partenaire déjà dans la Serva Amorosa de Goldoni, incarne avec la rancœur voulue cette « maîtresse » restée secrète.
Anne Loiret est juste dans son rôle d’ainée mal aimée de sa sœur cadette, Léna Brebant, éprise de l’agent immobilier, François Feroletto, surtout pressé de conclure la vente de la maison.
Perdus nous aussi parmi ces êtres oniriques et présents à la fois,
La belle idée de Florian Zeller devrait nous submerger d’émotion,
Comme Jon Fosse avec « Et jamais nous ne serons séparés » ( Lulu de septembre 2013).
Difficile de se satisfaire de tant d’approximations.