Bain de poésie et de fantaisie assuré.
Le texte du grand poète gallois est merveilleusement adapté par Jacques Brunius .
Il parvient à nous en restituer toutes les nuances: lyrisme des descriptions de ce printemps baigné des brumes sylvestres et d' embruns maritimes réunis, cocasserie des personnages, humbles créatures vivant dans ce bourg perdu .
Evadés dans leur rêves les plus fous, au coeur de la nuit, le jour venu, les voilà rendus à leur vie aussi misérable qu'étriquée.
La galerie de portraits est haute en couleur, du Pasteur qui trousse des vers au matelot ivrogne, de la fille perdue à l'institutrice revêche et frustrée , des enfants sans pitié au facteur souffre-douleur et j'en oublie.
Pas de portrait à charge dans la description de ce petit monde, mais une bienveillance complice, comme attendrie, de l'auteur pour ses personnages qu'il a côtoyés dans son village d'adoption.
Et nous voilà entraînés dans une ronde folle menée par sept comédiens qui interprètent à eux seuls soixante trois personnages: partition virtuose de Rachel Arditi, Jean-Paul Bezzina, Sophie Bouilloux, Attica Gedj, César Méric, Jean-Jacques Moreau( merveilleux récitant également) et Pierre-Olivier Mornas.
Stephan Meldegg nous donne dans ce spectacle toute l'étendue de son talent de metteur en scène aussi bien dans sa direction d'acteurs( cela vous l'aviez compris) que dans sa manière d'utiliser l'espace si restreint de la scène du Poche dans le très réussi décor d'Edouard Laug: quelques arbres stylisés qui se déplacent sur le plateau baigné des lumières de Roberto Venturi.
"Le Bois Lacté" a été créé pour la radio, c'est donc un texte essentiellement radiophonique.
Il n'est pas "théâtral" à l'origine,
Cela pourrait en gêner certains,
Pour moi, le plaisir de spectateur reste entier.