A eux nos « LULU DORT »
Dès septembre « Chambre froide » annoncée comme un succès américain pour lequel les directeurs de théâtre parisiens se sont battus, nous a aussitôt glacés, congelés par son absolue bêtise. (Lulu de septembre 2014).
Bob Wilson est une idole intouchable dans l’univers du spectacle.
Ses « Paravents », à l’Odéon, n’en sont pas moins la trahison totale de la pièce de Genet (les mauvaises langues bien informées affirment qu’il n’a pas même lu le texte) réduisant ce brulot en une grotesque pseudo -comédie-musicale démodée, prétexte à l’illustration du narcissisme exacerbé du metteur en scène. (Lulu d’octobre 2015).
« La Vénus à la fourrure » qui a valu un Molière de la Meilleure comédienne à Marie Gillain, est sans doute le spectacle le plus vulgaire de l’année. Cette ravissante jeune femme, sur scène, pense qu’agiter ses bras avec force moulinets, débiter des chapelets de jurons et se dandiner du croupion suffit à créer un personnage sulfureux. Vision primaire, exécutée sans esprit, à l’image du texte, de la mise en scène, du décor. En résumé, un désastre cohérent.(Lulu de novembre 2014).
Autre naufrage à grand spectacle et superproduction d’une vacuité abyssale, d’un ennui soporifique, « Un été à Osage County » à Sceaux. Si le film éponyme a rencontré l’adhésion du public, la mise en scène prétendument spectaculaire voulue par Dominique Pitoiset nous a d’autant plus navrés que son précédent « Cyrano » nous avait enthousiasmés : grandiloquence et vacuité : une caricature à l’américaine. Particulièrement ennuyeux- doux euphémisme. (Lulu de novembre 2014).
Ne revenons pas à « Kingship » et à l’affligeante interprétation d’Isabelle Adjani , grande actrice de cinéma pourtant sortie du Français, inoubliable Ondine de Jean Giraudoux. (Lulu de novembre 2015).
Auteur à succès, la dernière pièce de Yasmina Reza, « Comment vous racontez la partie » au Théâtre du Rond-Point, m’a paru un festival de lieux communs d’une lourdeur écrasante.Cette pseudo critique du milieu littéraire cède à la facilité et à la complaisance aussi facile que racoleuse. Quelle distance depuis « Conversation après un enterrement » et « Art ». La rançon du succès ? ( Lulu de décembre 2014).
Autre sommet de l’anesthésie totale : « La ville » de Martin Crimp, à La Colline. Auteur pourtant reconnu, la mise en scène de Rémy Barché est-elle seule en cause ? Impossible de statuer, le dramaturge n’ayant pratiquement pas été joué en France. Seule assurance, une des pires soirées de la rentrée passée.( Lulu de décembre 2014).
« Toujours la Tempête » de Peter Handke aux Ateliers Berthier( Odéon) avait comme chapeau « soirée gardénal ». Je ne reviendrai pas sur ce spectacle et vous prie de vous reporter au Lulu de mars 2015 dans lequel, en opposition complète avec nombre d’éminentes plumes, vous retrouverez ma critique.(Lulu de mars 2015).
Pour clore cette triste liste je ne peux que déplorer l’impression que nous a laissée, lors de sa découverte par le public parisien, une œuvre magnifique « Inkeman », d’un grand auteur autrichien méconnu : Ernst Toller. La faute sans doute à l’interprétation de Stanislas Nordey ( n’en déplaise à ses nombreux adulateurs) et à la mise en scène de Christine Letailleur. Tragédie déchirante de la première guerre mondiale, rien de cette singulière et évocation des horreurs passées et prémonitoire de la tragédie future, ne ressort avec la sobriété requise par ce texte « expressionniste ». (Lulu d’avril 2015).