A ses précédents méfaits:Britannicus au Français(Lulu de juillet 2016), Macbeth (Lulu de Février 2018) et L’Ecole des Femmes (Lulu de Décembre 2018) à l’Odéon.
tout espoir anéanti, Andromaque vient s’ajouter à la «funeste»liste.
Lourdement explicite, la scénographie oppose avec une «rare» originalité le rouge d’une mare de sang répandue sur le plateau, symbole de la violence!! au noir des rideaux ou cadre de gaze descendus des cintres, symboles de l’obscurité des passions!! Au premier acte, curieux accessoires, une table nappée de blanc entourée de trois chaises faux Louis XV. Dessus un flacon et trois verres à whisky. Ils permettront aux protagonistes de s’offrir quelques rasades.
Suivant les mêmes conventions en vigueur, les personnages endossent obligatoirement des costumes «modernes» (Thibault Vancraenenbrroek).
Pourquoi choisir pour toutes les femmes de sinistres et affreux pantalons noirs et leurs vilaines blouses, pour Hermione le manteau long mal adapté au col qui l’engonce, et le très vilain fourreau de satin de rayonne blanc, fort mal coupé, soulignant les défauts d’Andromaque?
Aussi convenu, Pyrrhus, apparaît, chaussé de brodequins, baroudeur en chemise et pantalon kaki, marcel assorti avant d’endosser un étrange costume de noces à la chemise étincelante.
Surprenant, seul en costume «classique», Phoenix aborde une tenue dite correcte,
Oreste adopte un débraillé bleu foncé, son ami Pylade est gratifié d’une chemise blanche à col ouvert.
Tout cela ne sont que vétilles, détails tatillons d’une humeur chagrine.
Certes, si toutefois les interprètes se montraient dignes de leurs personnages:
du rang qu’ils occupent,
de leurs passions toutes contrariées,
de la violence des guerres qu’ils ont subies,
des meurtres auxquels ils ont assisté,
des trahisons exigées,
de toutes ces douleurs qui les ravagent.
Mais ici, exceptés quelques éphémères éclats témoins de la splendeur racinienne, nous voilà face à des gens pas même vulgaires, pires, ordinaires.
Transparente,l’Andromaque de Bénédicte Cerruti souvent inaudible,
Seulement hargneuse et postillonnant d’abondance l’Hermione de Chloé Réjon,
Pas meilleures leurs confidentes à la raideur de piquets, à l’élocution approximative nonobstant leurs micros,
Profil de faux héros dostoïevskien, cheveux longs et filasses, le Pyrrhus d’Alexandre Pallu relève du contre-sens.
Rares éclats d’authenticité pour le Pylade Jean-Baptiste Anoumon et l’Oreste de Pierric Plathier.
Seul Jean-Philippe Vidal, diction impeccable est un juste interprète de Phoenix.
En dépit de sa présentation dans la note d’intention, Stéphane Braunschweig, nourri au lait de la psychanalyse,
au mépris de l’admirable expression des tourments de l’âme en proie aux passions les plus dévastatrices,
aux dépens de la sublime musique des vers raciniens,
son Andromaque navigue entre «Dallas» et «Les Feux de l’Amour», et parvient, exploit sans pareil, à distiller l’ennui.
La Grèce Antique a depuis longtemps disparu.
A l’image de Troie, la pièce elle-même gît sous les cendres et les décombres.
Là est toute la tragédie.