Lulu se devait de combler cette lacune.
Dans la nouvelle de Stefan Zweig la folie le dispute au tragique.
L’Amok définit les crises de folie meurtrière qui frappent soudainement les indigènes « opiomanes » malais.
A entendre les confidences du narrateur, son histoire en porte le sceau.
Dans la nuit, en mer, réfugié loin du bruit joyeux des passagers qui font la fête, un homme se délivre du trop lourd secret dont il est dépositaire.
Jeune médecin, il fuit la Malaisie où il vient de vivre une aventure fatale, victime d’une femme mystérieuse « blanche » à laquelle il a refusé son secours, avant d’assister impuissant à sa disparition.
Torturé par un terrible sentiment de culpabilité, jouet d’une passion qui le dépasse avant de l’anéantir par sa fin dramatique, le jeune homme ne survivra pas à sa parole donnée.
Sur le plateau, entre quelques caisses de bois, au rythme des sirènes du navire prêt d’accoster, Alexis Moncorgé interprète vaillamment tous les personnages de ce récit tourmenté et pathétique comme les aime l’auteur viennois.
Paroxystiques, violence des sentiments et tragique des situations ainsi exposées sans l’ombre de retenue,
Frôlent le mélodrame, perdent en vraisemblance.
Parmi les auteurs autrichiens contemporains habités d’un même pessimisme, Arthur Schnitzer a toujours eu ma préférence.
Sa noirceur désespérée affleure toujours, ne s’étale jamais.
Stefan Zweig séduit davantage.
Le succès du spectacle en est une nouvelle illustration.