A nouveau au Théâtre Hébertot, dirigé cette fois par son complice Georges Werler, il reprend le rôle du chef d’orchestre Wilheim Furtwängler confronté, après la chute du Reich, au Capitaine américain chargé de la dénazification du milieu artistique.
Dans ce rôle, Francis Lombrail, directeur du théâtre, succède à Claude Brasseur.
Affrontement de deux personnalités.
Confrontation de deux tempéraments.
A l’inculture, la grossièreté, de l’américain répondent les hautes aspirations artistiques, la conviction du pouvoir l’art, la nécessité de poursuivre son exercice dont se justifie le chef d’orchestre accusé de compromission avec le régime, d’emblème de leur propagande.
Dialogue de sourds.
L’américain reste inébranlable face aux témoignages et aux actions du chef pour sauver des juifs. Sa découverte des camps le hante, lui interdit la moindre indulgence. Confondre le « suspect » à tout prix, son seul but.
L’allemand, humilié mais sans jamais perdre de sa « morgue », ne lâche rien face à son accusateur.
L’un lui reproche de n’avoir « pas agi »
L’autre se justifie
« Si j’avais pris une part active à la politique je n’aurais pas pu rester dans le pays ».
« La musique n’a rien à voir avec la politique »
Provocations, accusations, « fausses preuves » aucun argument ne fera plier Furtwängler.
Dans un ultime défi face à son « juge » il lui lance:
« Je proclame le génie de la musique»,
« Vous ne comprenez pas le pouvoir de l’art »
Dans d’excellents décors de Pace qui recréent parfaitement l’atmosphère dévastée de ce Berlin en ruines, les costumes de Pascale Bordet apportent leur note supplémentaire d’authenticité au cadre de la pièce.
Francis Lombrail fait montre de toute la rudesse requise par son personnage : ce témoin de l’indicible, grossier, inculte, brutal, mais non dénué de probité, se révèlera au final.
Bien entouré aussi par son épouse Juliette Carré, Didier Brice, Damien Zanoly et Margaux Van Den Plas complètentla distribution aux côtés de l’immense comédien Michel Bouquet :
Dès son entrée sur le plateau, spectrale, silencieuse, la silhouette du comédien irradie par sa présence.
Jeu sobre, jusqu’au dépouillement, diction nette, les répliques tombent, vierges de tout emphase, dénuées du moindre » effet ».
Elles résonnent avec force, percutantes, poignantes.
Devant un public conquis, le succès assuré.