Deux frères se retrouvent.
Tout semble les séparer.
Leur père a terrorisé durant toute son enfance Philippe.
A jamais orphelin, son frère Andrew lui, a été dès sa naissance, abandonné avec sa mère.
Philippe est un modeste imprimeur, un homme usé.
Andrew lui a brillamment réussi comme musicien et compositeur.
Ils se retrouvent dans un vaste studio, aux murs blancs, éclairé par une verrière, où trône le piano. Jacques Gabel signe ce décor réussi.
Niels Arestrup, encore récemment admiré dans «Rouge» campe, bougon, ou violent, le musicien à succès, l’homme arrivé.
François Berléand est le frère falot, en retrait, admiratif et sans doute envieux.
Chacun est marqué, porte ses blessures, affiche des sentiments inconciliables:
«Nous deux c’est définitivement insoluble» assène Andrew.
Marquées par de profonds différents,, de lourds ressentiments, d’indépassables rancœurs
Les retrouvailles de ces deux frères devraient résonner comme le tonnerre, laisser sourdre les haines rancies, faire éclater les colères jamais apaisées.
Déjà en 2014, «Big Apple», la première pièce d’Isabelle Le Nouvel abordant le sujet de la maladie dans le couple, avait montré ses limites malgré la présence de merveilleux interprètes, Marianne Bassler et Christophe Malavoy. (Lulu d’avril 2014).
Loin d’avoir progressé dans ce nouvel opus non dénué d’ambitions, se déploie et s’étale une médiocrité navrante.
Personnages sans chair, fabriqués, les protagonistes demeurent tristement artificiels.
Dénué de toute progression dramatique,
Alignant les répliques, dans un dosage de recette bien apprise,
Souvent agrémentées d’un exclamatif«Putain»
Le texte semble droit sorti d’un atelier d’écriture.
Infiniment creux ….
Une coquille vide sans commune mesure avec la violence de l’affrontement de«Fratricide» écrit par Dominique Warluzel, joué par Pierre Santini et Jean-Pierre Kalfon( Lulu de novembre 2014)
Ici l’ennui tient lieu d’intensité.
La célébrité des comédiens n’y change rien.
Seule leur notoriété remplit la salle,
Insuffisant pour sauver la soirée.