« Qui a peur de Virginia Wolf » : un titre fleurant toute la « légèreté » de la comptine pour enfants dont il est tiré ?
Douce illusion :
Une lutte sans trêve ni répit.
Le combat sans merci d’un couple « déchiré-destructeur ».
Deux heures donc d’injures, de grossièretés, d’invectives, d’humiliations, de provocations, de révélations, de haines recuites noyées dans les vapeurs de l’alcool, de rancoeurs nourries de déceptions, de blessures jamais cicatrisées, de souffrances à vif.
Couple vieillissant, Martha est fille de président d’université, l’épouse de Georges, un professeur d’histoire à la carrière ratée, le subordonné du beau-père.
Chez eux, en fin de soirée, un autre couple, jeune. Lui, professeur aussi, ne cache pas ses ambitions. Elle, fille d’un pasteur fortuné, fera figure « d’oie blanche » face aux autres protagonistes.
Turpitudes et chagrins tour à tour révélés, décelés, jetés à la face de chacun, force verres d’alcool ingurgités, feront de cette nuit un enfer pour tous.
Martha, l’accusatrice provocante, vaincue par Georges le bafoué.
Nick, joué par Martha, et Honey, décillée, repartiront aussi dévastés.
Un canapé à jardin et un escalier monumental côté cour composent les seuls éléments du décor dépouillé de jacques Gabel, en parfaite résonnance avec la profondeur de la sobre mise en scène d’Alain Françon, concentrée sur le jeu des interprètes.
Toujours excellente, Dominique Valadié, ordurière, obscène, terrifiante d’agressivité, ne laisse jamais, jusqu’à la fin, transparaitre ses fêlures.
Fascinant à proprement parlé, Wladimir Yordanoff, (un Solness déjà encensé par Lulu, chronique d’avril 2013), incarne George, le minable méprisé, au regard cependant aussi désabusé qu’amusé, victime soudain devenue manipulateur démoniaque.
Sous ce feu de violences verbales, de cataractes d’injures, ce déluge d’insultes, saoulé à son tour, le spectateur finit aussi « assommé ».
Saluons la performance des comédiens.
Déplorons cette vérité crue, à l’américaine, aux arrières- plans psychanalytiques plus qu’authentiquement psychologiques, dénuée de cette humanité qui donne véritablement chair aux personnages.
Théâtre coup de poing, théâtre de la gueule de bois,
Un théâtre qui n’émeut, ni ne bouleverse