La mise en scène du « Misanthrope » par le même Clément Hervieu Léger lui avait laissé une détestable impression de « factice », de nervosité proche de l’hystérie, d’outrances diverses, exécrable représentation dans sa propre maison d’une des plus déchirantes pièces de Molière.
Pourquoi en aurait-il été autrement pour cet autre chef d’œuvre, juste entré au répertoire du Français ?
Pièce subversive et bouleversante sur les affres et tragédies de l’adolescence, ses découvertes, ses plaisirs, ses tabous, ses drames.
Dans la scénographie néo-mussolinienne de Richard Peduzzi, hauts murs anthracite ou massives colonnes carrés, scènes intimes et scènes de groupes alternent dans un univers glacé, sans âme, artificiel.
Les interprètes habillés de costumes tendances années cinquante semblent perdus, jouant sans donner vie aux personnages, l’action transposée de sorte à être elle aussi dépossédée de toute charge dramatique.
Seuls à donner chair à leur personnage, Geogia Scalliet, Wanda Bergman, Christophe Montenez, Moritz Stiefel, et Sébastien Pouderoux, Melchior Gabor.
Loin de suffire à combler le vide des très nombreux personnages de la pièce.
Représentation d’une durée de trois heures sans entre-acte, n’ayant que trop attendu, au bout d’une heure trente de souffrance le deuxième noir ponctuant le suicide sans émotion de Moritz nous a permis de fuir sans état d’âme, ni l’ombre d’un scrupule.
Après La tempête ce ne sera que le deuxième chef d’œuvre de la saison massacré Salle Richelieu.
Accablant constat.