Besoin irrépressible de « noyer » ses récentes déconvenues,
Envie de laisser-aller,
Désir de la facilité.
Séduite par la présence des trois interprètes, voilà « Jacques-Daniel » justifié.
Laurent Baffie ne fait pas dans la dentelle,
Sa réputation n’est plus à faire.
Pour reprendre ses propres termes la « Comédie distillée et mise en bouteille » par ses soins surprend, agréablement.
Sous le regard expérimenté d’une barmaid qui en vu d’autres, un veuf inconsolable, Claude Brasseur, et un mari quitté par sa femme, Daniel Russo, viennent oublier leurs solitudes.
Mal engagé entre les deux seuls clients du bar, le dialogue évoluera rapidement dans les vapeurs de l’alcool. L’invective cédera la place aux confidences, à la tristesse partagée, en passant par la provocation, pour atteindre des serments d’amitié indéfectible allant jusqu’à la complicité dans l’organisation d’un suicide en duo.
Nicole Calfan, toujours aussi piquante sous sa perruque platine, talons aiguilles et robe rouge vermillon, commente fort à propos les échanges nos deux désespérés :
Claude Brasseur, d’un côté, voix éraillée et présence formidable, bourru, râleur, finit dans une émouvante fragilité.
De l’autre, Daniel Russo, le « paumé », sous médicaments, passant sans transition des larmes aux résolutions les plus définitives.
En dépit de quelques inévitables grossièretés, les personnages ont une véritable épaisseur.
Ils touchent, irritent, font rire, bref, sont humains.
Les dialogues ne manquent pas de sel,
La soirée atteint son but :
Agréablement divertir,
Ce que nous en attendions.