Animée des meilleures dispositions, cette reprise complétée de « ça va ?» déjà montée au Lucernaire avec d’autres interprètes il y a quelques années, (Lulu de juillet 2012, Fin de Saison) lui laisse une impression mitigée.
Pauvre type, affairiste hyperactif, politicien « engagé », acteur raté, auteur vaniteux, prétendu utopiste, dépressif chronique ou paranoïaque incurable défilent sur scène.
L’esprit de l’auteur, son sens de l’absurde, son exercice de la dérision, son humour décalé, ses raccourcis percutants, ses parodies de situations convenues, ses caricatures de mécanismes vides de sens, ses angoisses jamais apaisées se retrouvent pleinement dans les saynètes les plus courtes au comique d’autant plus efficace.
Les panneaux de toile blanche au graphisme poétique de façade d’immeubles, de théâtre, de synagogue, dessinés par Jean-Pierre Laporte glissent en fond de plateau ; un banc, une table de bistrot, un abribus sont prestement déplacés à vue.
Joli dispositif de Jean-Louis Benoin qui imprime un rythme allègre à la succession des différents « tableaux ».
La flagornerie du professeur de théâtre, la consultation chez le docteur rédigeant ses contre-prescriptions amicalement assassines, les deux écologistes prêts à s’immoler pour sauver le monde, le raciste qui hait les muets, les sourds et les aveugles :
Bien débutées, ces scènes inutilement longues, finissent de s’enliser, noyant dans d’interminables bavardages toute leur force corrosive.
Interprète le soir de « C’est Mieux l’Après-Midi », Pierre Cassignard, comme au théâtre de boulevard, en fait des tonnes et force trop souvent son jeu ;
Plus sobre, il redonne à ses personnages leur véritable force comique.
Tout en rondeur, la mine enfantine, charmant de naïveté ou inquiétant de sottise bornée, Eric Prat aborde ses partitions avec plus de justesse.
François Martouret, frêle silhouette, mine désabusée, placide ou laissant exploser son exaspération, d’une vaniteuse suffisance ou déchirant d’angoisse dans la dernière scène, mesure dans chacune de ses interventions l’exacte dose d’intensité, confère tout leur relief à ses répliques.
Davantage spectacle de « cabaret » que véritable dramatique,
Joué dans une salle plus intime que la salle « Renaud-Barrault »
Raccourci à une heure de durée,
Elagué de certains des « çavavirus » inutilement bavards,
Le spectacle aurait évité ses faiblesses.
Fort heureusement, dans l’attente de Godot, au final,
Tout Grumberg ressuscite soudainement.
Insuffisant cependant pour pleinement nous satisfaire.