Mes chroniques de février pour « Sonnet 30 » de Shakespeare » (Lulu d’or de la saison passée)
Et de juin 2016 pour » Madame Bovary » d’après Flaubert,
En sont le témoignage.
Dès l’entrée la salle, la scénographie d’Angela Rocha séduit :
En fond de plateau une toile concave peinte de légères projections gris pâle se prolonge au sol.
A jardin, comme un mobile de Calder avec quatre cercles de plexiglas, deux jaunes soleil, deux bleu nuit.
Là s’arrêtera notre bonheur.
Libre adaptation d’une pièce de Shakespeare peu, voire jamais plus montée, sa réduction à un duo de comédiens joue sur l’altérité.
D’après l’auteur, « Vice-Versa » en aurait été aussi bien le titre.
Pour Lulu « Lassantes Litanies » semble plus adapté.
« Antoine »,
« Cléopâtre »,
« Antoine »
« Cléopâtre »
« Antoine respire », « Cléopâtre expire », « Antoine respire », « Cléopâtre expire »
Ainsi répété jusqu’à l’insupportable,
Constitue l’essentiel du dialogue.
Quelques courts récits basés sur l’histoire, toujours racontés en miroir par l’autre protagoniste,
Ponctuent parfois ces récurrentes « répliques »
Un interminable face à face sous forme de jeux de mots :
« La vie, l’envie, s’en va, ça va, ça avance, sans suspens, serpent, serre-moi, romance, ces lapins, la fin des fins, c’est du vin »
Conclue une fin sans fin.
Généreux prodige devenu fort peu charitable, Tiago Rodrigues.
Pas charitable pour ses comédiens :
Jeunes, beaux, vaillants et doués, Sofia Dias et Victor Roriz réussissent un exploit sur scène dans leur interprétation d’un texte d’une telle vacuité.
L’auteur l’est moins encore pour son public,
Versant dans un exercice d’auto-complaisance narcissique,
Exigeant de ses spectateurs un injustifiable effort de concentration.
« Antoine respire », « Cléopâtre expire », « Antoine respire », « Cléopâtre expire ».
Au secours : « Lulu étouffe » « Pitié pour Lulu » !