Fait rarissime à Chaillot, cette dernière soirée sera saluée par une standing-ovation.
Le premier ballet du spectacle, « Safe House », sur la musique de Bach voit apparaître et disparaitre autour d’une cloison pivotante les danseurs tour à tour, solennels en noir, puis en blanc torses nus pour les garçons, justaucorps pour les filles, éclatants, lumineux.
Inspiré du Yi Ling, un des plus anciens texte chinois, le duo Lifhtfoot-Leon fait alterner dans cette pièce, moments de tourments et moments d’harmonie, interrogations inquiètes et dynamisme échevelé dans une succession de figures, d’ensembles, de pas de deux déclinant une danse néo-classique époustouflante de virtuosité et de modernité. « Six o’clock » d’une aisance sidérante, arabesques développées à l’infini, portées redoutables, expressivité dans la gestuelle des bras, souvent mains jointes, toujours surprenante, utilisation de la tête, appui ou repoussoir.
Accompagné de vidéos, dansé en grande partie sur une large bande de poussière blanche projetée dans l’air ou recouvrant en partie le corps des interprètes, sur une musique de Max Richter, « Stop Motion » des mêmes chorégraphes impressionne véritablement par ses soli de garçons diaboliques d’inventivité, de vitesse et de difficultés : saccades, torsions, sauts. Pas de deux aussi impressionnants, enroulements, torsions, portée tête en bas, corps à corps insensés fascinent sans faiblir.
Entre ces deux ballets, s’intercale dans un tout autre registre « In the Event » de la chorégraphe Crystal Pite formée par Forsythe et actuellement égérie du public parisien.
Une musique originale d’Owen Belton a été spécialement créée pour la pièce.
En fond de scène, un immense panneau figurant une terre désolée, craquelée, desséchée.
Devant, un groupe de huit danseurs veille un corps sans vie allongé face contre terre.
Aussitôt instauré ce climat tragique, tremblements, tressautements, soubresauts, convulsions, palpations à l’aveugle, fuites désordonnées, chutes et redressements, éclatements ou figures de groupe héroïques illustreront cette description de fin du monde, cet apocalypse qui s’accompagne de sinistres craquements en fond sonore, de zébrures d’éclairs, d’ombres et de flammèches projetées sur la toile de fond.
Toujours au niveau de l’excellence, formidablement engagée, l’interprétation des danseurs relativise l’outrance de cette évocation non dénuée de puissance mais démonstrative jusqu’à l’excès d’un réalisme soviétique.
Dans l’univers de la danse contemporaine,
Toujours au sommet sur le plan de la création et de l’interprétation sous la direction de Paul Ligthfoot et Sol Leon, directrice artistique
Bien au-dessus de l’Opéra de Paris,
Le Netherlands Dans Theater conserve sa place prépondérante
Et nous a réservé une fin de saison en apothéose.