Je pensais assister à « Agua » inspiré d’un séjour au Brésil,
Je découvre que « Auf dem Gerbirge hat man ein Gerschrei gehört » est au programme de la soirée.
En l’espace de quelques minutes la consternation succède au dépit.
Présentée dans le programme comme l’une des pièces les plus inquiètes de Pina, crée en 1984, elle traite de la peur sous toutes ses formes.
Au lever de rideau, surgissant du plus loin du plateau, tous les danseurs apparaissent sur scène hurlant et courant éperdument pour faire le tour complet de la salle jusqu’à son extrémité avant de retourner sur scène.
Quelques brèves minutes crédibles.
Aussitôt suivies par l’entrée de la force du mal,
Rappelant un ancien catcheur surnommé « Le Bourreau de Béthume »,
Un colosse en slip écarlate, bonnet de bain et lunettes de plongée,
Sort successivement de son caleçon des baudruches qu’il gonfle, impassible, Jusqu’à les faire éclater les unes après les autres en fixant le public.
Le ridicule instauré, suivront :
Une « ascension »à l’horizontal d’un montant du plateau par une danseuse soutenue par deux danseurs,
Quelques autres agitations d’excités en tout genre,
Une folle en petite culotte agite furieusement sa robe à la main, hurlant : « I am much better »
Un homme et une femme tentent d’échapper à leur poursuivant qui les contraignent à …s’embrasser après s’en être emparés,
Un autre garçon s’en prend à des femmes vociférant « I want to kill, I want blood »
Le bourreau « dresse » son avant -bras sur un plateau comme un mets fin orné de feuilles de laitue et de rondelles de citrons avant de le présenter au public,
Une femme ne parait pas détester se faire taillader le dos par la pointe d’une dague,
Quelques ensembles s’alignent brutalement sur le sol pour entamer des mouvements de rameurs sautillant sur place,
Compulsive une fille se frotte les genoux rejetant sa longue et brune chevelure en arrière.
D’autres courent après leurs robes tenues par des garçons plus rapides
Un épais nuage de fumée blanche vient embrumer le plateau pour se dissiper lentement
Tandis qu’un homme, à l’aide de poudre, rend couleur de neige la sombre chevelure d’une asiate sagement assise.
Dominant de sa haute stature tous les protagonistes, le retour régulier du « catcheur » assure la diversion qui s’impose à chaque épisode.
Tableaux sans liens,
Outrance et ridicule
Rendent plus pitoyable qu’inquiétante,
Cette pièce vieille de plus de trente ans,
Source, pour tout effroi, d’un incommensurable ennui,
Et de quelques rires involontaires,
Il est des exhumations dont il faudrait savoir s’abstenir.
Elles ternissent la mémoire des plus grands,
Et infligent au malheureux spectateur une des pires soirées jamais passées,
Durant la seule première heure de spectacle endurée par Lulu bénissant un entre-acte salvateur.