Le Théâtre des Champs-Elysées a célébré le centenaire du "Sacre".
Garnier venait de nous offrir un magnifique raccourci de l'histoire de la chorégraphie, depuis" L'après-midi d'un faune" jusqu'à aujourd'hui avec la création de Sidi Larbi Cherkoui .
Et Chaillot vient de réssuciter Béjar et à sa compagnie, le Ballet de Lausanne .
Homme de culture, curieux de toutes les civilisations, ce fils de philosophe nous a bien souvent "servi" une danse "penseuse".
Rien de tel dans cet opus onirique où se croisent et se juxtaposent époques et lieux que rien pourtant ne devrait réunir: Venise et San Francisco, une émigrante enceinte , un pauvre , un derviche tourneur, des comédiens masqués de la comedia del arte. Pour la musique Vivaldi alterne avec des groupes californiens.
Hormis quelques passages datés, voire carte postale (Venise et ses marquis poudrés, les cabrioles des danseurs masqués) Light porte parfaitement son titre: lumineux passages , moments de grâce absolue, ensembles follement enlevés.Les Ballets de Lausanne n'ont rien perdu de leur force.
Mais c'est aux trois solistes auxquels je tiens tout particulièrement à exprimer une admiration sans réserve.
Katerina Salkina est véritablement comparable aux plus grandes: elle irradie tout simplement, elle est Light.
Lisa Cano parvient à conférer une expressivité étonnante et impressionnante au rôle de la Mère.
Et comment ne pas être profondément touché par cet artiste beau et émouvant qu'est Julien Favereau, le Pauvre.
Béjar a marqué son époque.
Il a su choisir en la personne de Gil Roman l'héritier à la hauteur du Maître.
Son travail justifie notre sincère admiration et notre plaisir intact.