L'incursion de garçons encagoulés sème la panique chez les demoiselles.
Un beau pas de deux entre une grande brune et une petite blonde, corps moulés dans la dentelle de leur maillot, ne laisse planer aucun doute sur leur relation amoureuse.
Robe rouge ourlée d'or, talons aiguilles incarnat, en ligne, face au public un ensemble de filles exécutent une impeccable chorégraphie de séduction sur la musique de "It's a man's world".( référence au " Craisy Horse "obligée).
Mécanique affolée, six couples se livrent à des danses frénétiques qui défient la vitesse.
Dans un bel ensemble ils deviennent comme robotisés, mouvements décomposés , rouages grippés.
Derrière quatre nattes décorées de motifs orientaux, les jambes des danseurs, seules visibles, se livrent à des assauts de séduction et d'amusants exercices de pieds ou d'orteils.
Juchées sur trois jarres géantes, baignées d'une douce lumière, trois danseuses exécutent un incroyable ballet entre les arcades et les dômes stylisées.
Au sol, assise jambes allongées, dos au public, nue jusqu'aux hanches, une très gracieuse soliste se livre à une étonnante chorégraphie basée sur le seul jeu des épaules et du bassin.
Apothéose de la scène finale qui réunit par couples emprisonnés, l'amour encagé, l'ensemble de la troupe, derrières les grilles des moucharabieh aux barreaux soudain élastiques et libérateurs, laissant disparaitre dans la lumière faiblissante chacun des interprètes.
Tels sont les temps forts et très convaincants de ce dernier opus de Preljocaj, crée cet été pour Marseille.
Magnifié dans chacun des tableaux par la superbe scénographie de Constance Guisset et les lumières de Cécile Giovansili-Vissière, admirablement rythmé par la musique de Natacha Atlaset Samy Bishai imprégnée d'un orientalisme séduisant, je ne peux en dire autant des costumes d'Alaïa qui sont d'une indigence et d'une médiocrité indignes du créateur dont j'ai célébré la rétrospective avec tant d'enthousiasme. Sans vouloir citer d'autres noms, cette fois encore, force est de constater, qu'un grand "couturier" n'est pas pour autant un bon "costumier".
Envoutant dans toute sa première partie, quelques longueurs et redondances ne nous sont pourtant pas épargnées.
Mais le déplacement se justifie.