Les premiers, dans le noir presque toujours, évoluant essentiellement par reptations, à quatre pattes, ou dansant sans en posséder l’amorce de la pratique ;
Les musiciens interprètes d’une musique contemporaine tout à fait honorable, Contraints quant à eux de se déchausser complètement pour rejoindre le plateau avec leurs instruments dans les positions les plus incongrues et acrobatiques comme cette malheureuse violoncelliste couchée de tout son long sur le dos, jouant avec son instrument sur l’estomac .
Le comique aurait pu être au rendez-vous
L’ennui abyssal l’aura surpassé.
Abominable soirée dont la brièveté tenait de l’éternité.
La Fresque d’Angelin Preljocaj.
Franc succès en le soir de la première pour cet opus tiré d’un conte chinois du XIIIe siècle à l’onirisme épuré.
L’argument jouant de la frontière entre imaginaire et réalité, évoque la passion d’un voyageur réfugié dans un temple subjugué par une « Fresque » représentant un groupe de jeunes filles entourant une déesse dont il tombe éperdument amoureux.
Ondoyantes, insaisissables, volutes de cheveux d’ange aux formes changeantes ou palpitations d’anémones de mer ornent de leurs neigeux filaments les cieux d’un plateau nu sur lequel seuls des panneaux mobiles d’un noir profond font évoluer l’espace, découvrant chacun des tableaux dans leur dimension propre, de l’infini à l’intime :
Scénographie et vidéos signées Constance Guisset Studio, aussi abouties que la sophistication parfaite des lumières d’Eric Soyer instaurent aussitôt une atmosphère d’étrangeté poétique.
Curieux costumes créés par le regretté Azzedine Alaïa: pour les filles, robes courtes aux jupettes virevoltantes, baby-doll à glands de passementerie ; pour les garçons, prêtres en jupes longues à pans, académiques noires agrémentés de longues tresses frangées ou de style afro à dessins tachetés complétés de casques à ailettes dorées pour « démons » divers et « esprits guerriers ».
Surprenant dans sa chorégraphie directement inspirée du conte, chez les filles Angelin Preljocaj est magistralement parvenu à faire tenir le rôle déterminant occupé par la chevelure de la déesse et de ses amies dans le phénomène de la séduction ;
Spectaculaires toujours, longues et défaites, elles s’agitent, s’harmonisent, suivent, soulignent les mouvements des corps, éparses, languides, frénétiques.
Tressées et déliées en leurs extrémités, remontant jusqu’aux cintres, elles deviennent liens s’enroulant sur les garçons ou cordes pour gracieuses figures de trapézistes.
Fascinant.
Etonnante Niryia Nagimova dans le rôle de la déesse. Présence très personnelle, juvénile et diablesse, doigts longilignes s’éployant avec une rare délicatesse, gracieuse, mutine, parfois fleur envolée ;
Esprits maléfiques ou vengeurs, les garçons sont aussi excellents seuls ou en groupe avec les filles dans de formidables ensembles à la dynamique graphique et enlevée soulignés par une bande sonore originale de Nicolas Godin aux percussions très présentes.
Après « Blanche Neige » et « Siddartha » voici déployés les sortilèges orientaux.
Un nouveau « conte » qui vous emporte au pays de la danse et du rêve.
Un très beau spectacle,