La fin de l’hiver venue, l’Esprit des Bois se voit confier sa garde.
Mais éveillée à l’amour au royaume de Beredei, l’innocente héroïne devenue une jeune fille ravissante, succombera, victime de l’ardeur des premiers rayons de l’astre au cours des fêtes ancestrales célébrées en l’honneur du printemps.
Inconnu en France, la découverte éblouit.
Un conte bouleversant qui nous plonge au cœur des éléments naturels.
Rimski-Korsakov signe aussi le très prenant livret de cet opéra auquel le musicien était particulièrement attaché, déclarant : « Quiconque n’aime pas Snegourotchka ne comprend rien à ma musique ni à ma personne »
Après la cuisante déception de « Iolanta » déjà mise en scène par Dmitri Tcherniakov, seul l’oeuvre de Rimski-Korsakov motivait ma curiosité.
Heureuse surprise, cette fois le metteur en scène se révèle mieux inspiré.
Sans jamais prendre parti, tout le spectacle allie ou alterne, décors et costumes contemporains : la caravane au milieu des isbas aux couleurs criardes, les costumes baba-cool des jeunes,
Et traditions folkloriques avec blouses et bottes, coiffes et robes dans la plus pure tradition russe.
Seule la forêt demeure onirique, sous-bois, verdure, éclairage toujours d’une grande poésie.
Vite dissipée aussi la réserve quant à la durée d’une soirée de quatre heures.
Littéralement emporté par la musique chatoyante de RimskI Korsakov, dirigée par Mikhail Tatarnokov,
Eprouvée la candeur de Snegourotchka, délicate et frêle Aïda Garifulina, exquise et touchante incarnation de Fleur de Neige,
Et le charme puissant des chants de Lel, le simple pâtre à la très étrange voix de Yurly Mynenko.
Partagées la passion jusqu’à la mort de Mizguir le riche commerçant, Thomas Johannes Mayer ; la révolte de Koupava trahie dans son amour, flamboyante Martine Serafin ; la bienveillance envers ses sujets du vieux Tsar Berendeï, belle basse de Maxime Paster.
Ressentie l’autorité de Dame Printemps, impériale Elena Manistina, commandant à un délicieux envol d’oiseaux annonciateurs des beaux jours (un groupe d’enfants déguisés dans une salle de répétition) puis la douleur d’une mère face aux prières de son enfant éperdue.
Intimes, intenses, extrêmes, rites païens, drames humains, force de la nature, pouvoirs des éléments s’interpénètrent, indissociables.
Admirable fresque lyrique par l’inspiration de Rimski-Korsakov,
Puissant sortilège,
Véritable enchantement.
Le merveilleux règne de bout en bout.
Irrésistible.