A l’opposé, d’autres créations, telle «Le Cri sur la Montagne» lui sont parues lourdement démonstratives, inutilement bavardes, «Kontakthof» est à classer, hélas, dans ce registre, la longueur de ce ballet, plus de deux heures, venant accentuer un insidieux sentiment d’ennui.
Le film de Wim Wenders nous avait fait découvrir de larges extraits des différentes versions de cette pièce.
Le thème du bal, y est étudié sous toutes ses facettes d’apparences et de non-dits.
La chorégraphe l’a faite successivement interpréter par ses danseurs, puis des personnes de plus de 65 ans, enfin par des adolescents de plus de 14 ans.
A Garnier, les gardiennes du temple Julie Shanahan et Breanna O’Mara, ont dirigé les danseurs de l’Opéra, de l’étoile Germain Louvet jusqu’aux quadrilles.
Réunis dans une salle grisâtre ils sont assis alignés en fond de plateau, vêtus de leurs plus «beaux atours»avant de se présenter seuls ou en petits groupes, dans différentes poses qui se veulent avantageuses complétées d’exhibitions plus «marchandes», telles la présentation de leurs mains, pieds ou dentition.
A l’esprit corrosif de ce premier tableau à l’humour caustique, succède le dévoilement de tous les désirs, des toutes les pulsions longuement énumérées, illustrées, reprises.
Plaire, être aimé, n’excluent ni les confrontations, la violence, l’agression. La guerre des sexes se déroule sous nos yeux, au rythme d’une musique lancinante de vieux airs populaires des années 20 et 30.
Coups de pieds, pinçons, claques s‘échangent allègrement, les filles alignées contre le mur se voient «prises d’assaut» par les garçons qui avancent sur leur siège, des cris de folles retentissent, les filles se rajustent avec quelques gestes équivoques, un couple se découvre tendrement, un garçons se coince volontairement la main dans une porte en hurlant, lénifiant un duo rose dragée caricature un numéro de comédie musicale, enfourché, un cheval de bois à bascule apporte sa note de nostalgie d’enfance, un bas de femme est échangé comme un objet de prestidigitation.
Concluant cette première partie, tous les danseurs assis en bord de plateau, doivent, devant le micro tendu, raconter le souvenir d’une de leur rencontre amoureuse marquante. Coupés au milieu de leur récit, ils le poursuivent, dérisoires, en soliloquant.
Une heure quarante minutes viennent de s’écouler.
Répétitive et bavarde, la démonstration, non dénuée de profondeur,
cette mise à nu de notre nature sans concession et juste,
à force de s’éterniser perd inévitablement sa force percutante, son pouvoir.
Lassée, saturée, excédée, Lulu s’est dispensée des cinquante minutes de la seconde partie.
Nouvelle confirmation d’un précédent constat: Pina n’est pas Infaillible.