Bousculant tous les codes de la chorégraphie la plus avant-gardiste, révolutionnant véritablement l'idée même de ballet, ce corps-à-corps entre les danseurs du Ballets Cullberg et cette immense pièce d'étoffe gris perle marquera d'un inoubliable jalon la danse contemporaine.
Debout, immobiles, entonnant une mélopée dos à un gigantesque rideau de scène qu'ils tiennent , les danseurs se drapent progressivement dans l'étoffe pour y disparaitre
Mue par eux, celle-ci s'éploie, se déploie, ondoie, en gonflements et bruissements envoutants avant que de s'écrouler au sol, en un amas effondré, verticalité abolie.
Passé ce premier éblouissement, se succèderont d'autres tableaux dans lesquels les danseurs se mesureront à cette immense pièce d'étoffe.
La sculptant indéfiniment, ils la hissent à l'aide de filins enchevêtrés qu'ils s'échangent, exercice incroyablement acrobatique, la retiennent face à des souffles aussi puissants que les éléments déchainés, s'y accrochent telles des créatures en perdition, la roule avec d'étranges torsions , avant qu'elle ne finisse , suspendue aux cintres, apparition de monstre marin surgissant, les dominant, dérisoires pantins agités de mouvements convulsifs, baignés de lumières intermittentes et aveuglantes, crescendo bacchique avant le noir final.
Saisissant, virtuose dans l'innovation comme dans la performance, audacieux et requérant des interprètes hors du commun, accompagné par une musique lancinante ou scandant le rythme des mouvements d'ensemble, ce spectacle fascine, moderne et esthétique, puissant et novateur.
Un très grand moment , une collaboration formidable, je le disais , une performance inoubliable.