dans l’impossibilité la saison dernière de voir «Coup de roulis»
Lulu a pu assister «in extremis», la veille de la dernière, à «Gosse de riche» de Maurice Yvain.
Soirée délicieuse s’il en est, un plaisir à vous faire partager.
l’intrigue proche du vaudeville à la Feydau, aux rebondissements multiples, aux imbroglios amoureux des plus piquants, est essentiellement prétexte à la satire sociale sur un délectable livret de Jacques Bousquet et Henri Falk.
Elle nous plonge dans le milieu des parvenus de l’époque, personnages toujours d’actualité, parfaitement évoqués dans la mise en scène à la fois moderne et fidèle à l’esprit de l’oeuvre signée Pascal Neyron. Joli travail des décors, se suffisant de quelques panneaux de différentes couleurs suivant les lieux de l’action conçus par Camille Duchemin, et des costumes stylisés de Sabine Schlemer.
Monsieur Patarin père, se pique d’élégance, affiche sa modernité, est l’amant d’une femme légère qui entretient une liaison avec un jeune peintre dont s’éprend sa fille Colette. Une gosse de riche capricieuse à laquelle papa ne sait rien refuser.
Patarin son épouse, sa fille, et le jeune peintre, sont attendus en Bretagne chez la «Baronne» Skatinkolowitz.
Pour le moins accommodante, la «Baronne» va permettre au père de famille d’y retrouver sa maîtresse en sauvant les apparences grâce à un mari de complaisance «engagé» par ses soins contre monnaie sonnante et trébuchante. Jamais à cours de ressources la dame promet encore à Patarin de présenter un futur époux noble, Vidame de son état, à Colette qui fera ainsi un mariage aristocratique.
Dès le premier acte, refrains, surprises et rebondissements n’ont pas fini de nous égayer.
L’air de Patarin affirmant son goût «chic chic chic» est une irrésistible évocation de tous les lieux communs du nouveau riche inculte, citant peintres, musiciens, écrivains que l’on se doit de connaître et fréquenter, afficher. Ne vivant que d’expédients, la Baronne, affublée de sa coiffe bigouden a pour seule devise, chantée sur tous les tons: «La combine on a tout par elle», et Colette évoque sans pudeur «Les fafiots de papa».
On ne peut qu’admirer l’agilité du compositeur qui fait se succéder refrains charmants, danses folkloriques bretonnes, airs de jazz ou romance d’amoureux entre Colette et André Sartène (autre personnage comique, le jeune homme refusant de «peiner» les femmes qui le séduisent).
Irrésistible Baronne, Marie Lenormand, sous ses grands airs de dame du monde, possède l’abattage, la rouerie et l’assurance d’une existence uniquement assurée par ses gains de vulgaire intermédiaire.
Joli Minou, sens de l’interprétation, indéniable présence sur scène, la jeune Amélie Tatti campe Colette Patarin avec entrain et légèreté.
On aurait souhaité un André Sartène au physique davantage séduisant, une Madame Patarin plus mesurée dans son interprétation, un orchestre parfois plus discret.
Vite oubliées ces quelques récriminations,
Le spectacle n’en demeure pas moins un moment d’exquise gaité.
Vive l’esprit, la légèreté, l’entrain, l’aimable moquerie.
Bravo aux Frivolités Parisiennes,
Bravo au théâtre de l’Athénée pour sa programmation.