Vite effacé le bel effet du lever de rideau.
Pour cette entrée au répertoire de « Mozartiana », l’une des dernières pièces de Balanchine crée en 1981,
Cuisante déception.
Révélant comme une lassitude du maître, ce ballet déjà un peu daté ne survit pas à la distribution de la soirée.
Sae Eun Park, sujet, y tenait le rôle principal. On pouvait espérer une révélation. Ce fut un accablement. Sans rayonnement, étrangère à son rôle, cette porcelaine mécanique aux bras disgracieux est dénuée de toute expressivité. Privés de ce qui compose le charme de la danse en général, de Balanchine en particulier, on assiste, indifférents et vite ennuyés à sa « performance » appliquée et sans esprit.
Avec la fougue de son jeune âge, Arthus Raveau dans son solo doit encore progresser.
Seul, éclatant, évident, Jossua Hoffalt s’impose.
Grande élégance et pureté de ligne, on lui doit le seul moment de grâce.
Avec « Brahms-Schönberg Quartet », le bonheur balanchinien se retrouve dans le premier tableau.
L’art du maître s’y déploie en majesté.
Dans leurs ravissants costumes dessinés par Karl Lagerfeld, bustiers rayés noirs et blancs sur longs tutus fumée et neige pour les filles, jaquettes de velours noir sur collants blancs pour les garçons, les ensembles de croisent et s’enroulent, s’agrègent et se défont, follement gracieux légers, fluides, animés, séduisants.
Plus kitsh, le deuxième tableau devant un rideau bouillonné nacre, les filles en tutu rose bonbon et noir.
Portées et renversements, tourbillons de pirouettes et fouettés composent un ravissant pas de deux pour Laëtitia Pujol, et Stéphane Bullion loin de nous décevoir.
Un retour des ensembles très réussi, évoquent, réinterprétés, les cygnes du « Lac », tout en ménageant un solo brillant pour garçon.
Charme bientôt rompu par le retour mademoiselle Sae Eun Park, interminable présence.
Je passe encore sur un final « Alla Zingarese », folklore trop long et superflu.
Constance récompensée, « Violin Concerto » d’Igor Stravinsky clôture en beauté le programme.
Ballet « En Noir et Blanc » initiée en 1941 et repris en 1971 cette chorégraphie illustre la quintessence de tout l’art balanchinien.
Parfait exemple de cette « combinaison du tempo et de l’espace » comme le définit Balanchine, « Violin Concerto » est un concentré de modernité, sensuelle, échevelée, enivrante, irrésistible.
Ça « pulse » et ça « balance ».
Musique et danse se confondent dans une osmose totale, chaque mouvement magnifiant la partition.
Graphiques, tee-shirt blancs sur collants noirs et chaussettes blanches, simples maillots noirs pour les filles, tout en dynamisme, vivacité tension ou harmonie, l’engagement de chacun convainc…enfin.
Pour les pas de deux, ma préférence à Amandine Albisson-Stéphane Bullion face à Alice Renavand-Karl Paquette moins délié.
Trop de réserves pour cette première soirée de la saison déjà mal débutée avant de commencer avec les deux annulations de Benjamin Millepieds.
Aucune compensation pour les balletomanes.
Aux amateurs d’art lyrique : une invitation à un spectacle de leur choix suite à la défection de Jonas Kaufmann.
Humeurs justifiées.