Un spectacle loin de susciter un enthousiasme délirant chez Lulu. Ses réserves portant essentiellement sur le choix de la pièce. (chronique d’avril 2019 ).
A l’inverse, «Funny Girl» signe le nouveau coup de maître de Jean-Luc Choplin.
Triomphe dès sa création à Broadway en 1964 avec la révélation de Barbra Streisand, et porté à l’écran avec le même succès,
«Funny Girl» réunit toutes les qualités attendues dans ce style de «divertissement».
Le livret d’Isabel Lennart s’inspire de la vie de Fanny Brice, une artiste de vaudeville dès l’âge de treize ans, vedette des Siegfeld Folies durant les années folles, créatrice du personnage comique de Baby Snook qui donnera son nom à l’émission culte des américains qu’elle animera jusqu’à sa mort en 1951.
Une vie privée moins réussie vient assombrir cette carrière brillante.
Ascension durement gravie, strass, paillettes et déceptions amoureuses, cette existence romanesque intègre tous les ingrédients d’une belle histoire écrite sur la musique de Bob Merill et les «lyrics» ( en anglais dans le programe) de Jule Styne, dont le célèbre«People».
Le meilleur nous était promis.
La parole tenue.
Les décors et costumes de Peter Mckintosh éblouissent véritablement : pour les premiers, ces arcades « courbes élégantes et féminines du mouvement art nouveau », comme les définit leur créateur, et pour les seconds le « style Edwardian , moyen à tardif , avec juste une évocation des années 1920 à la fin », composent de merveilleux écrins à l’intrigue, habillent à ravir les protagonistes, raffinés, spectaculaires ou simplement ordinaires.
Les jeux de lumières de Tim Mitchell apportent leur touche de magie aux différents tableaux, tous parés d’ éclairages idéalement adaptés à chacune des situations de l’intrigue, modulant les lumières avec recherche, jouant sur des effets dosés à la perfection.
Stephen Mear, le metteur en scène et chorégraphe, n’en est pas à son coup d’essai.
Voilà quelques années,«42e RUE», au Châtelet, avait littéralement emballée Lulu moins enthousiasmée par «Singing in the Rain».
Cette fois, le sans faute est au rendez-vous.
Majoritairement anglaise, la troupe réunie par ses soins impressionne, sans exception, par son talent et son professionnalisme, son enthousiasme communicatif.
Phénoménale, la « Funny Girl » de l’américaine Cristina Bianco.
Un petit bout de femme dont les traits ne sont pas sans rappeler ceux de Fanny Brice.
A l’image de son personnage, sans posséder ni la taille requise pour la carrière, ni le visage d’une «star», sa voix, son côté burlesque, son abattage et son tempérament ont fini par faire d’elle une vedette. Cristina Bianco se révèle aussi une authentique comédienne aux mille facettes, tour à tour espiègle, mutine, persévérante, armée d’une volonté de fer, soudain capable de nous attendrir, de nous émouvoir dans son amour aveugle, sans limites, pour Nick Arnstein, son mari, joueur invétéré, escroc patenté, condamné à la prison.
On comprend le pouvoir de séduction de celui-ci parfaitement campé par Ashley Day, grand seigneur à l’indéniable prestance, à l’élégance accomplie, aux largesses illimitées.
Excellents encore, Matthew Jeans en Eddy Ryan, ami sincère et répétiteur de danse ; Marc Inscoe, superbe Flo Siegfeld. Raquel Stanley, en Mrs.Brice, mère de Fanny, et Shirley Jameson, son amie Mrs.Strakosh, composent de savoureuses vieilles dames, fortes personnalités comiques. Aucun des autres interprètes ne déméritent : Jessica Buckby, Isabel Cnning, Ashley Knight ainsi que l’ensemble des danseurs, dans des numéros enlevés à la synchronisation impeccable,dégagent toute l’énergie entraînante qu’exige leur performance.
Résultat probant.
Bravo aux artistes venus d’Outre-Manche, et félicitations à Jean-Luc Choplin et Stephen Mear qui ont fait de si bons choix.
Bonheur des yeux, plaisirs de l’écoute,
conquièrent le public,
Et Lulu de vous inciter à voir une « Funny Girl »,
phénoménale.