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Don Carlos de Verdi, mise en scène de Krysztof Warikovki, avec  Sonia Yoncheva, Elina Garança, Ludovic Tézier, Jonas Kaufmann, Ildar Abrazakov, Dmitry Belosselkiy, direction Philippe Jordan à l’Opera Bastille jusqu’au 11 novembre.

29/10/2017

1 Commentaire

 
Perfection Vocale et Musicale,
Visuellement Inqualifiable
En direct, depuis la salle du Normandie,  Lulu a assisté à l’évènement attendu de cette saison opératique :
La reprise de «  Don Carlos » dans la version française de la création à Paris, par la suite quatre fois remaniée et raccourcie par Verdi dans sa version italienne, le plus souvent représentée.
 
Interrogé avant le lever de rideau, le metteur en scène, cheveu neige savamment dressés, un désordre étudié, visage blême et anguleux, se livre à de longues explications d’ordre psychologico- psychanalitiques.
Galimatias annonciateur d’une mise en scène dominée par la hideur des décors et costumes,  une direction des interprètes où les clichés pseudos-modernistes le dispute à l’anéantissement de la tension dramatique. 
 
Aucun des poncifs ne nous sera épargné.
Buste kitschissime, Charles Quint  trône sur un bureau, planté en milieu de plateau, un cheval géant parfait le décor de l’Escurial ;
Soudain Hamlet névrosé, suicidaire raté, Jonas Kaufmann apparait au lever de rideau, penché au-dessus d’une cuvette, poignets bandés, pieds nus et torse nu sous un gros pull de tennisman.
Ivre mort,  dans son emboitement sur glissière : un » lounge » de salle d’attente des années soixante tendu d’une moquette à motifs rose et noirs,  Philippe II dans l’acte III, écroulé au pied de son fauteuil, un verre de whisky à la main, entame l’affrontement face au Grand Inquisiteur, clergyman presbytérien bagouse au doigt et lunettes fumées qui prend place…derrière lui.
Saphique, la scène du «  jardin fleuri » se déroule dans une salle d’escrime. « Cibiche » au bec, la Princesse Eboli, pourtant follement éprise de Don Carlos, ne manque pas de baiser sur la bouche sa partenaire de duel ;
Rougeoyants, orientalisants, les effets de moucharabiés pour le cloitre…
Foin de la scène de l’autodafé, mais, marque de fabrique du metteur en scène,  la faïence de W.C. et son inséparable lavabo ornent visiblement la cellule de Don Carlos engrillagé ; sous ses yeux, abattu par un coup de pistolet parti d’on ne sait où, agonisera sans fin le marquis de Posa.
Ponctuation cinématographique du spectacle, impossible de ne pas non plus mentionner cette projection d’un film muet : géante, cannibale, une tête luciférienne n’en finit pas de dévorer le corps dénudé d’une femme dont seules les  jambes agitées de mouvements désespérés émergent de la bouche qui l’engloutit.
 
Pour les interprètes féminines, difficiles de concevoir de moins seyants costumes années cinquante soixante, les messieurs héritant  souvent d’uniformes d’opérette surchargés de décoration.
Nos remerciements à l’auteur de ces chefs d’œuvre : Malgorzata Szczesniak.
 
Au cinéma la caméra se concentre souvent sur les chanteurs ;
Bénédiction pour le spectateur, en partie épargné par les aberrations du metteur en scène et du décorateur,
 
Lui permettant de mesurer, il faut le souligner, la qualité exceptionnelle de cette distribution.
Pleinement justifiée, les triomphes de Ludovic Tézier et de Elina Garança.
 
Eblouissant Marquis de Posa, Ludovic Tézier concentre toutes les qualités : justesse, nuance, noblesse, voix,  interprétation : la perfection atteinte dans tous les domaines.
Elina Garanca, allie voix fascinante et jeunesse d’une rare beauté ; en dépit de la difficulté ses grands airs » Chanson du voile » (en escrimeuse noire cigarette au bec) et «  O don fatal » superbement tenus tous deux.
Déployant une présence  dramatique bouleversante, des accents admirables, la soprane Sonya Yoncheva en Elisabeth, affublée de robes et tailleurs lourds et disgracieux à souhait, parvient miraculeusement à nous faire partager ses premiers émois amoureux puis les déchirements tragiques de sa situation.
Très convaincant encore le Philippe II blessé, jaloux, vacillant, écartelé de la  belle basse Ildar Abdrazakov ;
Qualité de jeu (en dépit d’indications scéniques pitoyables) et profondeur du timbre marquent son évidente supériorité face au Grand Inquisiteur-pasteur de Dmitry Belosselskiy dont l’impressionnante corpulence laissait mieux augurer.
 
Prudent, voire précautionneux, désormais Jonas Kaufmann ménage très manifestement sa voix. Sa beauté ne pare à un manque d’ampleur et de puissance vocale particulièrement sensibles dans ses duos avec Sonya Yoncheva. Fini du Werther ou du Fidelio des années passées.

Exécrable mise en scène,
Hideux décors et costumes,

Excellence vocale,
Interprètes de haut vol
Définissent la béance du gouffre.
Au pilori Kryszetof Warlikowski.
1 Commentaire
Sophie
29/10/2017 01:36:05 am

Admirable critique!
Warlikowski est souvent une calamité....

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