En sera-t-il de même à Chaillot la saison prochaine ?
Une question qui n’aurait jamais été envisagée sans cette succession d’échecs touchant jusqu’aux plus grandes figures de la danse contemporaine depuis le début de la saison actuelle :
Andrès Marin, Jefta van Dinther (volontairement négligé dans ces chroniques) Découflé, Tatiana Julien et Pedro Garcia-Velasquez avec « Inicio », de moindre importance, et maintenant José Montalvo.
Ses Carmen(s) incarnat peuvent furieusement frapper le sol de leurs talons ou exécuter sur demi-pointe des figures classiques,
Défier l’homme pour le dominer tel le torero face au taureau,
Pratiquer l’effeuillage pour mieux s’affirmer en sous-vêtement rouge vif,
Jouer des castagnettes, tambouriner furieusement sur des percussions asiatiques, frapper des baguettes en bois ou faire résonner le son séraphique d’un minuscule gong ;
Les garçons peuvent se heurter à l’indépendance farouche de l’héroïne,
Mêler techniques hip-hop aux danses africaines,
La chorégraphie s’avère d’une indigente platitude, pâle reflet, tristes lambeaux, médiocres redites, indigentes illustrations de son infatigable et généreuse célébration du métissage et de l’immigration.
Amplifiées par les micros, de tonitruantes déclarations et prises à témoin du public comme la diffusion de la bande son martyrisent les tympans,
Aux vidéos d’une affligeante pauvreté,
S’ajoutent, projetées en film, les multiples évocations du personnage « Carmen » vu par les interprètes de différentes nationalités (la seule émouvante étant faite par un garçon parlant de sa mère) ;
José Montalvo, déjà moins inspiré dans « Y Olé » qui recelait néanmoins encore de très bons passages,
Ce maître « des télescopages jubilatoires de style et de cultures »,
Ce « magicien » à l’imagination débridée, créateur des vidéos les plus inventives et comiques jamais utilisées,
Après les mémorables « On Danfe » et « Don Quichote du Trocadéro »,
Jusqu’au magnifique « Shiganè Naï » créé avec les danseurs du National Dance Company of Korea, en 2016,
Révèle ici l’épuisement de sa créativité,
Attristante fin de carrière pour celui qui célébrait le métissage en source vivifiante d’énergie communicative et de joyeuse fantaisie.