Telle se présente la dernière création d’Ohad Naharin.
Le directeur de la Batsheva Dance Company déclare avoir voulu créer trois images : des bébés, des ballerines, des bourreaux.
Allusions souvent brouillées, difficilement identifiables. Peu importe.
Evolution radicale : sa légendaire énergie ( « Three », mémorable soirée à Garnier la saison dernière, Lulu de janvier 2016) laisse place à des étirements ralentis, des figures de gymnastes athlétiques, des piétinements saccadés, des duos caricaturaux, des figures genoux ployés, des déplacements simiesques, des poses régressives ;
D’incroyables arabesques s’épanouissent jusqu’aux orteils qui s’écartent en éventail, les mains se cassent, vibrent les corps électrisés.
Avec ses berceuses, ses cornes de brume, ses percussions assourdies, la musique originale de Lichtenberger Grisha de se fait lancinante, envoutante.
Pas de décor.
Filles et gerçons arborent de simples tee-shirt sur des shorts, se changent à vue dos au public, pour passer en blanc, chez les filles, ou revêtir des robes de bure chez les garçons.
Un tableau entier est dansé, « à l’aveugle » le visage dissimulé sous une sorte de masque blanc recouvrant les faces.
Avant le final, une musique techno effrénée donne lieu à un ensemble débridé dans lequel chacun se déchaine.
Puis en fond de plateau, face à un micro, un interprète dévide un rouleau de scotch d’emballage ; un autre tient une crécelle géante, le troisième de dos finira par exhiber une mitraillette.
Alors que chacun des danseurs se voit entravé par le ruban adhésif qui s’enroule de l’un à l’autre jusqu’à tous les « enchainer » crépitent les balles, s’agite un drapeau blanc.
A jardin, une coureuse de fond, longue robe bleue fluide n’aura jamais interrompue sa course sur place débutée dès la première minute du spectacle.
A défaut de nous emballer, Ohad Naharin aura réussi à nous déstabiliser.
Ses danseurs à durablement nous impressionner.
Il demeure un créateur au style affirmé.