la venue à Paris du New- City Ballet, après huit ans d’absence, crée l’évènement de cette fin de saison.
Au programme de la soirée d’ouverture : « Balanchine en noir et blanc ».
Au lever de rideau, les jeux d’ « Apollo », Chase Finlay à la blondeur plus nordique qu’apollinienne, badinant entouré de ses trois muses sous le charme, s’achevant par la ravissante figure des arabesques formant éventail, présentent essentiellement un intérêt historique.
Rare alchimie d’énergie maitrisée, de parfaite élégance, de modernité intacte, « Les Quatre Tempéraments » demeurent une des signatures emblématiques du style balanchinien.
A.D.N. de la compagnie, le New-York City Ballet nous en a donné une exécution irréprochable, aussi séduisante que rigoureuse.
Solistes et corps de ballet portent cet art à la perfection.
Sur la partition de Paul Hindemith, alliant souplesse, vitesse, dynamisme et grâce, avec une authentique musicalité, gestes amples et précis à la fois, les interprètes ont assuré une splendide illustration de leurs talent réunis. Et parmi les solistes une mention spéciale à Taylor Stanley, singulière présence, puissante et féline, non sans rappeler Nicolas Leriche.
Contribuent aussi à souligner la beauté du mouvement, focalisant l’attention sur les seuls corps des danseurs, l’absence de décor et la simplicité des costumes : filles en maillots noir, garçons en collant noir aussi, tee-shirt et chaussettes blanches.
Contrastant par son infinie douceur, sur le Duo Concertant de Stravinsky, Megan Fairchild et Anthony Huxley exécutent, elfes en apesanteur, gracieux papillons, pas de deux et solos d’une exquise fraicheur que seule connait l’innocence de l’extrême jeunesse.
Sur le plateau soudain obscur, enveloppée dans un halo de lumière sépulcrale, la brutale disparition de la jeune fille, fatale rupture à cet idéal harmonieux, réserve une fin dramatique à cet opus de profonde sensibilité.
Pour finir, Symphony in Three movements, Stravinsky encore, reprend les grandes lignes et les grands ensembles caractéristiques de Maître, toujours dynamique, graphique, esthétique. On y retrouve des pas de « West Side Story » un classique en quelque sorte.
Après cette soirée, nous voilà convaincus : la nouvelle génération assure brillamment la relève du New-York City Ballet.
Le mérite en revient à Peter Martins. Il peut s’en enorgueillir.
On souhaiterait qu’il en aille de même sous nos latitudes.