Places réservées de longue date, nous nous résignons sans conviction.
Cette Ariadne auf naxos s'est révélée enchanteresse.
Benjamin Lazar, chemise slim fit glissée dans son jean, barbe de plusieurs jours encadrant le visage, ajoute à ses qualités de jeune chef pétri de talent, celui d'un remarquable, je dirai même excellent, metteur en scène.
Sens aigu du théâtre de la justesse et de l'efficacité - qualité devenue rare de nos jours - avec comme unique medium le visuel, toujours inventif, clair, évocateur, Benjamin Lazar parvient par de simples gestes, attitudes et déplacements de ses interprètes, à leur conférer authenticité et densité, dans le registre dramatique de l'opera seria, aussi bien que dans le comique de l'opera buffa.
Dans la distribution, Julie Fuchs en Zerline, déploie avec la même aisance confondante ses infernales vocalises comme la nature de son personnage: profondément féminine, à la fois mutine enjoleuse et versatile.
Anna Destrael est impressionnante en compositeur tourmenté, émouvante et intense à la fois.
Les garçons sont tous d'un comique achevé et les autres femmes de la distribution sont loin de démériter tout comme les très jeunes musiciens de l'ensemble "Le Balcon".
Voilà bien une version de concert qui dépasse nombre de représentations encombrées de tout un fatras superflu.
Un sommet de cohérence, de beauté, d'émotion.
Une quintessence de la voix et de la musique.
A la dernière note, quelques fractions de seconde pour se resaisir. Puis, trente minutes d'affilé la salle les applaudissements d'un public enflammé.
Je n'étais pas en reste.