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Yves Saint Laurent- Formes, jusqu’au 14 Janvier 2024.

14/6/2023

2 Commentaires

 

Au prisme de la modernité.

Au 5 avenue Marceau,  dans le grand salon, au centre du gigantesque trumeau au cadre feuillu et doré est accroché un portrait d’Yves Saint Laurent encadré par deux hautes statues en pied, dorées, des femmes aussi couronnées de feuilles, soulevant d’une main  leur drapé, forment un ensemble du plus pur baroque…..

Radical changement dans la pièce suivante.
A l’exclusion de toute «mise en scène spectaculaire», les photos en noir et blanc  présentées soulignent l’importance accordée par le couturier à la simplicité des formes.

L’illustre ce cliché de 64 signé Robert A Freson, où seules les mains du couturier apparaissent pour ajuster le chapeau blanc complétant la tenue de son mannequin habillée d’une simplissime robe d’après-midi, blanche aussi, à manches longues juste décolletée devant, révélatrice du souci de l’épure et de l’exigence du couturier.
Evocatrice de la mise en valeur des lignes dans l’espace, une  photo  de JeanLoup Sieff cadre le mannequin dos appuyé contre une table de billard portant une robe d’été blanche d’été  sur  collants noirs (collection Rive Gauche 84) sans manches, ceinturée et boutonnée de noir. Graphique.
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Révolutionnaire dès sa première collection haute couture chez Dior en 58 avec le triomphe de la «ligne trapèze»  Yves Saint Laurent rompt radicalement avec  la silhouette féminine à taille de guêpe pour imposer une ligne plus fluide, essentiellement tenue aux épaules et «libèrant» le mouvement.
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Sa permanente recherche de modernité se décline au fil des ans dans ses  jumpsuits et ensembles pantalon coupés en jersey ou tweed présentés dans un parfait alignement.



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Eclate son goût pour la couleur dans la salle suivante.
Vibrante de contrastes parfaitement maîtrisés nourris de sa passion et de ses connaissances pour les peintres et la peinture, loin de se limiter au Pop’art Yves Saint Laurent compose les associations les plus audacieuses, crée une palette toujours surprenante dans ses créations.
La sélection des modèles exposés en donne toute l’ampleur.
La totale simplicité de ses robes droites en jersey est sublimée par les empiècement avant-gardistes: «vagues» émeraude, violette, et noir s’enroulent sur un fourreau court à manches de jersey noir; aplats de couleurs vives «étagées en «colorama» pour un long fourreau asymétrique à quille bleu dur surmonté par un bustier de velours noir ponctué  d’un  nœud posé sur la hanche, et terminé par un petit empiècement bouton d’or retenu sur une épaule par le même nœud de velours, un  modèle d’une rare élégance.

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A l’étage l’épure et la sobriété du noir et blanc éblouit au premier regard.
Quel chic règne dans cette salle où se côtoient et alternent, en rangs décalés, tailleurs, robes et tenues de grand soir créées au fil du temps et des saisons.
Au premier rang, l’intemporalité d’une courte robe portefeuille noire se détache aussitôt. Son col châle qui en ourle les bords, ses poignets mousquetaires et sa ceinture d’un blanc pur lui confèrent un chic suprême.
Séduisant par sa sobre féminité, un long fourreau noir s’orne seulement d’une poétique collerette d’organza blanc. Comme une invitation à la valse, les quilles marmoréennes surgissent de l’ ample jupe d’une robe longue; en contraste, longiligne, ce long fourreau bustier de mousseline blanche souligné asymétriquement d’un coté du décolleté et sur toute la longueur du milieu devant par d’un sobre trait de mousseline noire délicatement  drapé-plissé en une magistrale démonstration de savoir-faire.
Pour son coté non conventionnel, iconoclaste, citons encore le généreux  «blouson noir», «grand soir».

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Associé à l’exposition le travail de l’artiste Claudia Wieser trouve dans cette salle la meilleure réalisation de ses céramiques murales ponctuant l’ensemble du parcours.

Nous l’attendions.
La voilà enfin dans le studio,  posée sur un Stockman, déclinée en veste. Ce bâti avec applications sur le haut de deux rectangles rouge vif et bleu franc soulignés de noir sur fond blanc et poignets citron, représente l’emblématique, l’historique référence à Mondrian.
Sur le bureau du couturier s’empilent les livres d’art.  Ils s’alignent encore sur les rayonnages de sa bibliothèque ne laissant à l’extrémité que les dossiers étiquetés  au nom des différentes couleurs inscrites au dos, bleu, rose, gris, violet… on imagine l’infinité des nuances ainsi répertoriées.

Bien que moins nourrie que dans la précédente exposition, la collection d’accessoires  réunis dans les vitrines du bas célèbre encore ce plaisir de la couleur:  escarpins et sandales bicolores,  boucles d’oreille d’émail multicolore, pendentifs et gants.  L’évidement découpé entre les branches du Y géant pour former l’anse d’une grande pochette plate de toile et cuir fait la démonstration d’un stupéfiant sens de la géométrie . Il témoigne de la vogue de l’Op art des années 70 à l’image du pull beige en V, à dessins géométriques, porté par Yves Saint Laurent photographié en 72 par Henri Clarke.

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Au final, place d’honneur pour la collection couture de l’hiver de 88, déclinaison aboutie dans la série des vestes tailleurs de savants empiècements de couleurs dont le modèle reproduit sur l’affiche. Toujours soulignés de noir, ils multiplient les «combinaisons» fruit  du travail de dessin dominé par la ligne, tracé de la  «construction » exigée dans chacune des pièces.  

Je leur préfère le dernier modèle présenté juste avant la sortie: en écho à la première robe exposée des débuts, aussi dépouillée et superbe, la robe de 2001, sans manches, coupée dans un intense bleu dur aux boutons blancs et ceinturée de noir.
Rigueur absolue, chic définitif.

En quarante deux modèles, une nouvelle et magistrale démonstration de la Fondation. Yves Saint Laurent: incontestablement un maître. 

2 Commentaires
Marine du Fretay
16/6/2023 02:49:27 am

Magnifique, chère Lulu , cette promenade avenue Marceau magnifiquement illustrée. Merci de cette belle chronique.

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yehuda
16/6/2023 04:54:48 am

bravo

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