Sans prétendre à un compte-rendu exhaustif, livrées dans le désordre, voici les quelques impressions de Lulu.
Emotion. Chez un des " trop" rares libraires, annotée de sa main une édition des Essais de Montaigne, ou encore une édition des " Fleurs du Mal" de Beaudelaire, dédicacée et augmentée par l'auteur de ses poèmes condamnés par la censure.
Amusement. Chez les grands antiquaires, trônant parmi les pièces exceptionnelles que l'on ne se lasse pas de découvrir, la présence toujours plus marquée des meubles de Lièvre, tels des buffets Henri II, apportent leur note totalement kitsch aux plus beaux ensembles du XVIIIe .
Amusement toujours. La rencontre chez certains marchands d'art moderne, dans une logique commerciale bien comprise faisant suite aux différentes expositions muséales ou célébration d'anniversaire, d'œuvres de Fontana, Poliakoff et Nicolas de Staël, absentes auparavant.
Intérêt. Dans la " section" Art-Déco, la reconstitution du studio de Jacques Doucet avec son bureau d'Eileen Gray et cette commode inouïe d'ébène et galuchat signée Paul Iribe: des raretés.
Marquante, la domination des belges dans le domaine des Arts Premiers, avec des pièces sublimes.
Qualité. Des galeristes français présentant de fascinants objets d'archéologie chinoise et asiatique.
Et encore, étonnement admiratif chez les spécialistes habituels, devant des œuvres rares de primitifs nordiques tels Brueghel et Cranach.
Mais avec ses tombereaux de gemmes et dans un déluge de carats, sous les avalanches d'émeraudes, les " rivières " de diamants, les cataractes de rubis, les océans de saphirs ornant des myriades de parures de taille démesurée, souvent ornées de lourds médaillons tels d'antiques plaques pectorales, la haute joaillerie occupe définitivement la place prépondérante de la Biennale.
Souvent acquis avant l'ouverture, ostentatoires jusqu'à l'écoeurement , aussi massifs et voyants que pour le music-hall ou les Folies Bergères, ces bijoux, en dépit du savoir-faire qu'ils illustrent ou de la plus folle imagination qui les inspirent, dénotent d'une irréversible évolution des goûts et des codes.
Je déplorais la disparition d'un certain sens de l'élégance au sortir de l'exposition sur la " Couture dans les années cinquante " à Galliera.
Le même soupir n'a pas fini de s'exhaler après avoir consacré quatre heures de visite à cette Biennale. Le meilleur toujours concentré sur: les antiquités.