Gigantesque friche industrielle perdue dans la campagne environnante, les bâtiments de ces anciennes papeteries couvrent des milliers de mètres carrés.
Le rendez-vous est unique en son genre. Le lieu sans égal.
Tenant des comices agricoles et d’une réunion d’élite de la branchitude, cohortes de bobos, familles intergénérationnelles, bourgeois en mal d’exotisme, se mélangent dès l’ouverture pour former une interminable queue devant le buffet dressé sur l’herbe.
Délaissant la foule momentanément préoccupée par la satisfaction d’exigences gastronomiques, assurée du calme et de sa tranquillité, Lulu a ainsi pu satisfaire à ses exigences esthétiques.
Pas de rencontres avec les artistes, cette année, mais encore de très belles découvertes.
Je vous livre les plus marquantes.
Invité d’honneur, Kader Attia, occupe le premier bâtiment. Un ensemble de vitrines sur pieds rouillés, aux verres brisés, entourées de débris d’habitations détruites, rappelle tristement le printemps arabe.
Dans ce cadre dénudé, l’œuvre prend toute sa signification.
Plus loin, une installation de parpaings, disposés en spirale, compose une douce harmonie de gris qui contraste avec l’aspérité peu séduisante du matériau.
Absolument spectaculaire, dans les mêmes lieux, s’étale l’œuvre d’un chinois inconnu encore ici, Gu Dexin. Tel un somptueux tapis déroulé au sol, disposé en diagonale, avec un raffinement tout oriental, des milliers de pommes déclinent d’infinies tonalités de bruns et d’or, une extrémité écrasée par un rouleau compresseur.
Emballée aussi par la nouvelle sphère d’Anish Kapoor : encore plus vertigineuse que la précédente, telle un paquebot sidéral échoué venu rejoindre la première dans un nouveau bâtiment qui leur est dévolu
Claquant au vent, et nettement moins convaincantes, les oriflammes rouge rayé jaune de Daniel Buren.
Enfin, la suite de panneaux en papier de riz délicatement recouverts de touches de peinture monochrome du coréen Kiwon Park encadre son installation de fins fils métalliques emmêlés en une grosse pelote ponctuée de petites balles multicolores. Curieux rapport.
Encore présents, d’autres artistes « maison », comme le grand Pistoletto, Etel Adnan dont les tableaux colorés en aplats ternes ne m’ont jamais séduites, ou encore « les Porteuses de Sophie Whettnall. Toujours glaçant, le buste de dictateur signé Sislej Xhafa, placé dans un gigantesque hangar où seuls émergent du sol en ciment, le long d’une paroi, d’énormes vannes et de très gros tuyaux.
Débutée dimanche dernier à Boissy le Chatel, mercredi, Lulu s’est rendue aux les vernissages d’ Art Elysées et de la Fiac avant d’achever son périple samedi matin sur les bords de Seine avec L’Off à la Cité du Design et de la Mode.
Sans avoir la prétention de se livrer à un compte-rendu détaillé de ces évènements majeurs, Lulu espère vous en faire partager les échos, humer les effluves, respirer l’ atmosphère.
Commençons avec Art Elysées.
Astucieusement, la petite sœur de la grande foire ouvrait son vernissage quelques heures avant son ainée.
Si ce salon peut faire figure de parent pauvre de la Fiac, Art-Elysées réunit quelques galeries fidèles au rendez-vous qui offrent toujours un large éventail d’œuvre « modernes », de peintures aborigènes, jusqu’aux plus contemporaines comme ces chevaux empaillés qui vous accueillent dès l’entrée, pattes sectionnées posées sur des cales en métal de Xavier Balmaseda.
Inévitables, après les rétrospectives du Musée d’Art Moderne, Poliakof et Niki de Saint-Phalle ornent de nombreuses cimaises. Très présent, une valeur sure, Hartung. Plus inattendu les retours en force de Marfraing, Degottex, ou, solitaire et unique, mais de belle facture, « l’Homme à Muybridge « de Velickovic que l’on a connu beaucoup plus présent.
Très appréciable encore, les galeries spécialisées en sculptures, avec entre autres œuvres Stahly, Gilioli, et celle exposant ses tapis d’artistes dont un Sonia Delaunay.
Prix souvent raisonnables, atmosphère feutrée, marchands discrets, le parcours s’effectue dans le calme, la visite est à taille humaine, sans choc majeur.
Traversons l’Avenue.
Invités « non vip », arrivés les premiers dans le saint des saints, nous bénéficierons d’un climat très révélateur sous la verrière du Grand Palais.
Le changement d’ambiance est radical.
Loin de la foule qui se pressera une heure plus tard dans les lieux, notre visite s’effectue au milieu des « importants «, encore attardés, « in situ «.
Chez les marchands, nervosité évidente, fébrilité palpable.
Tablettes à la main, portables vissé à l’oreille, ou plus civil, devisant avec le collectionneur-ami, chacun s’affaire. L’ amateur non identifié, jaugé, soupesé, est ignoré en cas » d’estimation » douteuse.
Certains compatriotes connaissent des difficultés dans l’énonciation des prix en français, de curieux néologismes émaillent leur propos, conséquences inattendues de la mondialisation.
Volonté affichée de la directrice Jennifer Flay, afin de mieux rivaliser avec Art- Basel, il est vrai que les galeries étrangères sont plus nombreuses que précédemment.
Le site de la Fiac étant consultable sur internet, vous y trouverez la liste complète des exposants et des artistes : je vous fais grâce de l’énumération.
Sachez simplement, que tous les « ténors » de l’art contemporain, sans exception, sont très largement présentés chez les marchands internationaux et français, dans les galeries « vedettes » réunies au rez- de- chaussée. Là, rien qui ne porte une signature connue, ne se négocie à moins de cent mille euros, si l’œuvre de dépasse pas les dix centimètres. Un mobile de Calder, même dimension, était proposé , lui, à quatre cent cinquante mille.
Autre constatation, dans ce vaste panorama, un net recul des photos, vidéos et installations au profit du retour en force de la peinture sur tous les stands.
Encore complètement délaissés récemment, des artistes retrouvent la faveur des galeries. Tel Mathieu, dont les œuvres se rencontrent un peu partout en dehors de l’ importante rétrospective personnelle que lui consacre une grande galerie parisienne.
Autre retour en grâce, depuis la rétrospective Le Parc et l’exposition « Dynamo » en 2013, des maitres de l’art cinétique, malgré la disparition de leur grande prêtresse Denise René.
Dernière constatation, la place prépondérante des artistes orientaux : sans même parler de Lee Ufan, les œuvres de plasticiens chinois, coréens et indiens, sont légion.
Enfin, le monde des jeunes étant relégué à la poulaille, après avoir sillonné le bas en tous sens, faute de temps il nous a fallu renoncer à l’étage. Nous n’aurons pas découvert les talents du futur au Grand palais, la séance de rattrapage se fera au « Off «.
L’ouïe bruissante , les narines chatouillées, les yeux clignotants face à la dernière foire aux vanités, nous quitterons une manifestation qui ne fait que répondre aux attentes de la nouvelle génération de milliardaires de tous horizons. Soucieux d’un statut social et assoiffés de signes extérieurs de richesses immédiatement reconnaissables, ce vernissage peut s’enorgueillir de combler leurs désirs.
Jakob et Macfarlane sont les architectes de la Cité de la Mode et du Design.
Ils voient dans leur bâtiment vert fluo, situé près de la gare d’ Austerlitz le long de la Seine, comme un « plug-over ».(ne pas confondre avec le « plug anal « de McCarthy érigé Place Vendôme et aussitôt retiré par l’artiste après les agressions dont il a été l’objet.)
La Fiac » off « y est pour la première fois installée.
Toutes voiles dehors, voguons vers cette nouvelle destination, dernière escale de la semaine.
Une fois pénétré l’excrément piscicole suspendu au-dessus des berges , un espace fort plaisant s’offre au visiteur. Beaucoup plus aéré qu’au Louvre, c’est le long d’allées claires que s’effectue le parcours.
Tous jeunes, décontractés, sympathiques, dynamiques, mais sans agressivité mercantile, les galeristes vous accueillent sur leur stand où l’on prend un réel plaisir à s’attarder.
Le nombre très importants d’artistes internationaux, venus de tous les continents sans exclusives, permets de se faire une idée très complète de la jeune création.
Dans une grande diversité de tendance la peinture domine comme ailleurs. Néanmoins maquettes, installations « arte povera « et nombreuses photos se rencontrent un peu partout.
Fort éloigné de la surenchère de règle au Grand Palais, les prix moyen des œuvres exposées oscillent entre trois mille et dix mille euros : la possibilité pour chacun de « craquer » raisonnablement.
De quatre grandes expositions vues au cours de cette folle semaine, les Docks sont la seule vraie nouveauté.
Une réussite pour cet hideux endroit.