Encore enfant à Hammamet, de sa rencontre fortuite, lors d’une baignade, avec Violet et Jean Henson, propriétaires d’une villa au jardin enchanté, elle découvrira la beauté, l’ouverture d’esprit, la générosité chez ce couple anglo-américain,
De sa formation à Paris aux Beaux-Arts, elle aura développé son exceptionnel talent de coloriste,
De ses nombreux voyages à travers le monde, établi une collaboration toujours renouvelée avec les meilleurs artisans des pays visités.
1961 marque la date de son entrée chez Hermès aux côtés d’Annie Beaumel, alors décoratrice des vitrines.
1978, celle sa nomination par Jean-Louis Dumas pour lui succéder, auquel s’ajoute celle de « directrice couleur et soie » jusqu’en 2013.
Dans la scénographie de Nathalie Crinière, une longue courbe sinusoïdale qui se replie sur elle-même, les goulets d’étranglement, jouant avec les nerfs des vigiles, posaient rapidement de délicats problèmes de circulation aux invités venus au vernissage mercredi soir.
Conviés par la dynastie Guerrand-Hermès au grand complet, aux côtés des nombreuses personnalités du monde culturel, de Frédéric Mitterand à Hilton McConnico, de Chantal Thomas à Yves Clert, De Caroline de Monaco à Farida Khelfa, se retrouvaient réunis pour l’occasion de très nombreux collaborateurs, anciens ou présents, de la Maison Hermès.
Un peu raide, mais combien symbolique, le cheval devant ses bagages métalliques, ouvre la succession des huit « tableaux » de l’exposition :
Féeriques nymphées, nimbées d’infinies nuances aquatiques et des reflets nacrés de ses inouïes sculptures de coquillages : vase Médicis, bustes, conques géantes ;
Plongée onirique dans les fonds sous-marins aux coraux découpés comme la dentelle, aux éponges marines délicates comme des fleurs, aux « étoiles » marines tissées de fils d’or.
Finement ornementés, blancs cérusés, les plus délicats moucharabiés composent les niches disposées en arc de cercle autour d’une fontaine pour célébrer le pays natal.
Un décor devant lequel la grande dame recevra les félicitations de tous ses amis.
Aussi audacieux que réussi, l’alliage fantastique du violet profond et du jaune acide : sur fond de velours, une améthyste géante sert d’abri à un Pégase survolant de ses ailes blanc givre un jeté de vison citron lui aussi.
Eblouissants, en argent finement ciselé, un trône et son repose-pied, des éléphanteaux, un important élément décoratif en forme de cercle, des palmiers nains sur un plateau, font étinceler la lumière d’extravagants fastes des mille et une nuits.
Plus sobre, les nattes tressées aux dessins noirs stylisés sur fond naturel, les têtes de cervidé, les hauts « vases » cylindriques de poterie noir luisant recréent toute l’élégance de « Lodges » africains.
Ici, comble du luxe, selles, sacs de voyage, mallettes, mules se déclinent toutes en peaux… tachetées !
Comme peu, Leila Menchari a su cultiver tout au long de sa carrière cette « luxuriance » poétique et baroque à la fois.
Inlassablement elle a décliné avec une imagination surprenante toute la palette des « produits » Hermès sans jamais déroger, sans trahir, apportant cette indispensable note d’extravagance savamment dosée, mesurée, allégorique.
Guettées, attendues pendant des décennies comme l’évènement du Faubourg,
Féériques, ses vitrines nous ont toujours fait rêver.
Comme l’esprit du temps, les codes ont changé.
Aujourd’hui Antoine Platteau lui a succédé.
Embarquons alors pour cet ultime voyage onirique ;
Remercions la magicienne.