Bienvenue dans le monde de Marcel et d’Oriane.
Si Jeanne Lanvin a toujours privilégié le « sens de la mesure » à l’opposé de celui de la « démesure », c’est bien l’illustration d’un savoir- faire magistral qu’illustrent les modèles exposés, le plus souvent sur mannequin, dans de très élégantes vitrines avec, si nécessaire, un miroir intérieur permettant au visiteur un examen « sous toutes les coutures ».
Somptueuses robes-tube des années folles présentées au Pavillon de l’Elégance en 1925, aux broderies s’étalant sur de fines mousselines, formant triples bretelles, dessinant d’opulents colliers ou se terminant en pans flottant.
Simplissimes longues robes de crêpe dont tout le chic se résume aux contrastes d’un noir profond associé au capucine lumineux et lien souple à la taille.
Modernisme des robes aux motifs géométriques noirs appliqués sur une mousseline crème,
Avant-garde des cabochons en rodoïd ou en sèvres ornant épaules ou corsage de fourreaux du soir,
Défi des robes de « style » à paniers à la ligne droite des robes « charleston ».
Virtuosité déjà des délicates soutaches vermiculées sur les premeirs modèles du siècle passé,
Virtuosité encore des broderies de robes -bijoux et aussi des manteaux tel ce modèle de velours améthyste brodé de fils d’or et doublé de soie rose indien, d’un raffinement achevé,
Virtuosité toujours dans l’application de ce ruban crème sur tulle noir d’une extraordinaire et ample robe de bal dont la nuque s’orne d’un nœud géant en taffetas noir aux longs pans touchant le sol.
Sans oublier l’élégance de ce long fourreau de satin immaculé, manches dénudant les épaules, terminées à chaque extrémités par un revers en pointe sur le bras et la main, traîne découpée en queue de sirène. D’une ondoyante féminité.
Qualifiée de visionnaire par les organisateurs de cette exposition, Jeanne Lanvin a su développer très tôt une diversification qui concernera de nombreux domaines : la création d’une mode enfantine, l’ouverture de boutiques Lanvin Homme, Lanvin Fourrure ou Lanvin Parfum et Lanvin Décoration avec Armand-Albert Rateau, dessinateur du flacon d’Arpège.
Tout le charme de cette exposition-découverte nous permet d’admirer son travail sous un angle bien différent : Madame Lanvin nous fait revivre dans le monde de Proust et d’Oriane de Guermantes, très précisément celui de la Comtesse Greffulhe, cliente de la Maison, à la beauté et l’élégance à jamais immortalisées par l’auteur de « La Recherche ».
En conjuguant leurs talents, Olivier Saillard et Alber Elbaz ont réussi leur pari : » Finir l’exposition comme sur un petit nuage ».
J’ajouterai seulement combien nous désolent aujourd’hui les hardes dont nous sommes toutes affublées.