Une fois franchie l’allée balisée de brouettes non-écolos-conteneurs plastique, couleur criardes, on pénètre aussitôt dans univers enchanteur.
Comme dans le monde « extraordinaire » du compositeur, mais décliné sur le mode bucolique, ici poésie rime avec imagination, senteurs s’accordent avec couleurs, espaces avec grâce.
Ces lieux privilégiés, dédiés à la contemplation, au calme, à la sérénité et à la …volupté, sont ici le prétexte aux découvertes les plus surprenantes et inattendues.
Comme chez Jardiland, ces herbes folles et graminées ébouriffées aux pieds de « murs » de maison de bois, peints en noir par Zea-Atelier de paysage.
A coté la Tunisie recrée une oasis rafraichissante avec sa végétation à trois niveaux : sous les palmiers des oliviers s’ornent de fleurs, au sol, un tapis de plantes aromatiques.
Plus loin, au Jardin de Gally, derrière ses murs de torchis ocre alternant avec de curieuses palissades de troncs ocellés, émergent de luxuriants rosiers iceberg d’un blanc immaculé. Dans l’enceinte, un bougainvillers en pleine floraison ponctue de son rose fuchsia l’angle du bassin carré, à l’eau sombre.
Pierre-Alexandre Riesser ménage ses effets : un rideau de brumisateurs occulte de ses vapeurs irisantes une allée d’eau d’où affleure les dalles d’ardoise, chemin aquatique sublimé. Bordé d’arbres aux lignes graphiques et de touffes d’agapanthes, hortensias, et graminées se reflètent sur un miroir fermant l’espace.
Les allées du « Jardin Noir » suscitent comme un envoutement. Initiateur de cette manifestation, Pierre-Alexandre Riesser en est le magicien.
Exit les plates-bandes fleuries chez « Mon Jardin, Ma Maison ». Les terrasses ici se décorent des « sacs » contenant des plantes nourricières, légumes et racines, les colonnes végétales se piquent de laitues, frisées, roquettes et autres salades. Originalité dans l’air du temps, effet pas moins réussi.
Chez Truffaut les roses trémières, échappées d’imposantes jardinières laquées noir, et surmontées de frêles bouleaux, cernent le visiteur.
Au passage les meubles de jardin de Patrice Potier invitent à la conversation avec ce « toi et moi » accueillant, en fer et bois à l’ancienne.
Quant aux pépinières de J.E. de Cordes, elles défient avec superbe la pyrale dévastatrice, alignant un parterre de buis impeccables et multiformes.
Les pots de Fabre et Maillard déclinent le « gout » comme les camions-jardins, en plastique multicolore du stand voisin illustrent à merveille une version moderniste du traditionnel nain de jardin.
Aussi riche de surprises, l’ante pénultième étape de ce parcours, avec les projets des lauréats du concours des Ecoles d’Horticulture.
Tel cet enchevêtrement de feuillages d’un vert tendre prisonnier de treillis blancs, savants découpages artistiques, improbables suspensions aériennes, surgissant d’un sol d’écorces rouges, présenté par l’ESAM.
A l’Ecole du Breuil, les élèves ont planté une sélection d’espèces résistantes, demandant peu d’entretien, sur d’étonnants empilements en bois léger, comme en déséquilibre. Allusion de nos métropoles anarchiques, de l’éloge de la rusticité, réalisée avec grande inventivité.
Fermant la terrasse, avant de redescendre, Olivier Riol pour l’entreprise Capsel nous entraîne vers un jardin résolument sculptural clos d’une grisante « muraille » de jasmins.
Posées au sol, trois boules noires et monumentales et trois blanches colonnes verticales. Parfums enivrants et rigueur. Elégance et sobriété.
Dans l’allée de sortie, encore une jolie trouvaille : du stand Pyrus,( poirier d’exception) émane un délicat relent de foin coupé des bottes de paille, sièges campagnards pour s’asseoir et déguster, accompagné de quelques notes de guitare, cerises et fraises du buffet.
Promenade unique au cœur de Paris, éphémère féérie végétale, moment enchanteur.
Rompant avec ses habitudes, Lulu n’a pu résister à vous en parler.