Que d’inspirations!
La nouvelle thématique se concentre sur l’évolution du bijou entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle.
Sont rappelés dans l’introduction les bouleversements de cette deuxième moitié du XIXe siècle marquée par l’industrialisation, les expositions universelles, le goût de l’exotisme et la vulgarisation scientifique.
Révélatrice de la transformation sociale de cette période, le bijou y occupe une place essentielle.
La création marque une rupture totale avec le passé:
recours à de nouvelles matières pour leur réalisation: corne, verre
redécouverte d’anciennes pratiques: émail, ciselure,
renouveau des pierres avec la découverte des mines de diamants en Afrique du Sud, l’apparition de bijoux plus colorés avec l’utilisation de pierres comme la tourmaline, la chhrysoprase.
Révolutionnent la création.
La femme, la nature, le monde végétal et sous-marin inspirent des joailliers à l’imaginaire sans limites.
Courbes, volutes, spirales, enroulements et profusion caractérisent l’Art Nouveau.
De nouvelles collaborations avec les artistes témoignent de la porosité entre les arts: Fouquet confie à Mucha, l’affichiste, la décoration de sa boutique de la rue Royale.
Toute l’avant-garde s’expose chez Siegfried Bing.
Le symbolisme, l’orientalisme, influencent le monde artistique et littéraire,
Le bijou fascine des écrivains comme Huysmans, Jean Lorrain, Victor Hugo.
La créature féminine, le rêve, la nature, le monde végétal et sous-marin inspirent ces joailliers à l’imaginaire sans limite.
Sylphide à queue de poisson et bras ouverts en ailes de papillon sur une broche de Lalique,
Nymphe des mers, tête de profil face à une subtile mosaïque d’opales figurant la couleur changeante des flots de Fouquet,
Saphique dans un souple enlacement d’or de deux nus féminins de Lalique,
Libellule posée sur un pommeau de canne toujours de Lalique,
Noyée au fond des eaux sous les tentacules d’une pieuvre étendue dans les flots pour une broche de Louis Aurcoc.
Femme- papillon sur les incroyables pendentifs émail et or d’un collier de Lalique.
Même exubérance, même audace pour une célébration de la nature tout aussi fascinante et virtuose.
Lovée sous une fine tige, une cigale se pose sur un peigne en écaille et émail de Gaston Chopard,
Particulièrement spectaculaire, un incroyable serpent ailé, tête d’émeraude pointée vers le bas, queue en lasso, surmonte une cascade végétale sur une importante broche d’Eugène Vever,
De taille discrète, en émail comme «aquarellé» par Lucien Hirtz, un sous-bois au lever de soleil, orne une singulière broche de Boucheron ,
Lalique se distingue une fois encore avec sa broche au quatre libellules graciles enserrant une aigue marine dans une création sobre et maîtrisée, annonciatrice des changements à venir.
Il atteint au «sublime» avec celle du «paysage d’hiver». Cernée d’une exquise guirlande d’or, une plaque translucide de verre travaillé supporte au côté un délicat branchage ployant sous une vibrante neige d’ émail immaculé.
Délaissant l’image imitative, centrés sur la seule étude des lignes et leurs enchevêtrements, certains créateurs s’approchent de l’abstraction.Une bague de la Maison Antony Beaudouin & Georges Le Turcq, toute en verticalité, dresse sa longue perle baroque entourée d’une gracile volute mêlant petits brillants et émail vert.
Le pendentif d’E.Collin & Cie, accroche quelques perles sur l’entrelas de feuillage découpé qu’encadre une ondulante ligne d’or.
Dès le début du XXe siècle se dessine un nouveau style, déjà palpable dans ce bijou de Lalique, formidable précurseur de la modernité: l’octogone en métal faceté, ponctué d’une simple perle en son centre, joue de la géométrie, de l’effet miroir, loin de toute «préciosité».
Patente rupture annonciatrice de la fin d’un monde rêvé, poétique, fantasmagorique ;
Place à la rationalité.