Compétences scientifiques et spatiales éprouvées,
A l’opposé des productions vulgaires et racoleuses de stars contemporaines à la cote délirante,
Et se démarquant de la surenchère consumériste régnante,
Le travail de Tomas Saraceno répond à une quête humaniste, altruiste, futuriste.
Le fruit de son travail ne cessera de nous surprendre, émerveillés.
Motivé par la recherche d’échanges entre des mondes que nous considérons habituellement dans l’impossibilité de communiquer,
En résonnance avec les préoccupations écologiques pour l’abandon des énergies fossiles destructrices,
L’artiste nous immerge à travers le Palais de Tokyo dans un univers inconnu, fascinant.
Carte blanche aux grands moyens,
Un nombre impressionnant d’intervenants de toute disciplines, membres de la Nasa, collaborateurs de son atelier, mathématiciens, population indigène y ont participé.
Résultat époustouflant,
Un parcours jalonné d’éblouissements et de surprenantes découvertes.
Ouverture magistrale dès la première salle : « At-Tent(s)ion ».
Dans une quasi obscurité, tendues dans leur « boite » sans parois, sous de savants éclairages soulignant les moindres détails de leur délicat tissage,
Déchirures béantes, trame serrée ou transparence « arachnéenne », d’immenses toiles d’araignées, toutes différentes, apparaissent soudain dans leur singulière splendeur de composition.
« Extension des sens de l’araignée, plus qu’un Habitat, ses fils deviennent aussi ses oreilles, ses yeux, à travers ses fils elle reçoit des vibrations, et peut-être des pensées, une façon de se connecter au monde » ?
Si le raisonnement mentionné ci-dessus peut laisser sceptique,
Saisissante de beauté de la présentation.
« Souding the Air », l’instrument à musique composé de cinq filaments horizontaux suspendus dans l’air, s’agite de légères ondulations sonores ; « Events of Perception » résultat de très savantes combinaisons, nous fait découvrir le son de particules flottantes et cosmiques dans son faisceau lumineux,
Dans le vaste espace blanc immaculé de la salle « Aérographies » les « Spiders maps » composent une admirable série de toiles accrochées aux murs : tels des dessins à la mine de plomb, d’autres toiles d’araignées sous le verre des encadrements s’admirent verticales et à plat ; au sol, mus par le souffle de l’air provoqués par les visiteurs, accrochés à des bulles transparentes, des stylos tracent d’improbables plans de ville aux contours graciles. Splendide mise en regard de verticalité et d’horizontalité aux lignes graciles.
« Underwater Spider » filme l’unique espèce d’araignée vivant dans les fonds marins en respirant de l’oxygène stocké dans une poche de son abdomen qu’elle vient remplir en surface. Elle interroge l’artiste sur la capacité des espèces à s’adapter à de nouveaux environnements.
Documentaire comparable à un récit fantastique d’Edgar Poe.
Projection des mouvements de poussières cosmiques s’agrégeant au rythme vibratoire de fréquences sonores, « Cosmic Levitation » s’anime en une folle sarabande ;
Fantastique, cosmique, « Thermodynamic Imaginary » comme suspendues, d’étranges baudruches luisantes ou constructions géométriques surgissent dans le noir d’une immense salle avant de s’estomper devant nous ;
Invitation à une séance d’improvisation musicale, pénétrable, « Algo-R(h)ithms » propose de s’aventurer dans ces figures, sculptures de filins tendus dans l’espace, qui résonnent à différentes fréquences sous les frôlements des visiteurs. Toutes ne sont pas perceptible par l’homme, seulement ressenties par leur vibration.
Tactile visuelle, immersive, l’exposition se veut démonstrative.
Elle imagine, explore des champs de recherches inconnus afin de nous conduire vers de nouvelles manières d’habiter les airs, dont est pionnière la communauté aérocène.
Entre ces « installations », d’autres salles exposent tous les documents scientifiques relatifs à ces expérimentions.
Ils donnent la mesure de la complexité des travaux et calculs scientifiques qui ont permis la réalisation des œuvres exposées.
La fin du parcours expose le « Museo Aero Sola » assemblage collectif de sac de plastiques usagés dans lequel le visiteur peut entrer, réalisation dénonciatrice de la communauté « aérocene » citée ci-dessus.
Les premières peuvent paraitre rebutantes aux les non-initiés, les secondes relevant d’un engagement naïf,
Passez outre,
Laisse-vous seulement griser du puissant charme de ces créations oniriques, constellations imaginaires aux mouvements magnétiques.
Plongez dans cet univers sidéral, sculptural, aériens, aux sons ineffables, aux volumes célestes.
Poésie à l’état pur.
Le monde de Tomas Saraceno vous apportera un souffle bienfaiteur.