Troublantes Transparences.
Résolument moderne, son détournement des vêtements masculins, caban, pantalon, smoking, a très tôt contribué à affirmer l’émancipation de la femme.
Limiter le talent d’Yves Saint Laurent à ce seul exercice serait pour le moins inexact.
La nouvelle exposition en donne une des plus belles illustrations.
«Transparences»
Affirmation de l’audace avec, entre toutes et particulièrement représentative, la photo du couturier posant nu pour son parfum Pour Homme en 1971.
Dès 1968 elle s’adresse aux femmes avec cette autre photo emblématique de Giancarlo Botti: Zizi Jeanmaire face à Marcel Marceau dans une ample robe longue de mousseline noire transparente, hanches et bassin juste dissimulés par une «couronne» de plumes d’autruche.
Un modèle haute couture qui séduira aussi Marisa Berenson et sera maintes fois publié dans la presse. Accrochée à la suite, Jean Shrimpton, mannequin vedette de ces années, arbore crânement torse entièrement dénudé,veste enlevée et posée sur le bras, une blouse emmanchures américaines cravatée dans une chicissime mousseline à pois. |
Comme un clin d’œil non dénué d’humour, un ensemble court pose sur chaque sein un cœur pailleté dans les tons rose sur un corsage translucide, et proclame: «Je suis belle» sur la jupe en caractères cursifs de paillettes rose tendre. | Le ton est donné. Dans les vitrines au début du parcours, réalisés en dentelle, tulle, soie une série d’accessoires: masques, gants longs et courts, chapeau agissent comme une introduction au rêve. |
Pour les encadrer, de somptueuses robes longues. Un sobre fourreau de dentelle décolleté bateau, légèrement transparent se termine en une luxuriante quille- corolle de tulle rose, une autre présente un incroyable travail de panneaux en dentelle juste fendus sur le devant retenus, comme les larges manches bouffantes, par simple un ruban noué |
Bleu dur, cet autre modèle joue du contraste entre larges manches translucides resserrées aux poignets au corsage échancré en V jusqu’à la taille, ceinturant la jupe souple complètement opaques. Amusant ce prototype court, une robe asymétrique ébouriffe au vent sa kyrielle de petits mouchoirs coupés dans une mousseline imprimée de taches multicolores. |
Autre thème marquant de ses créations, la référence à Goya. Elle se retrouve dans le modèle sublime exposé dans le studio et plus particulièrement encore avec l’inoubliable, somptueuse, robe de mariée créée en 1980. Dramatique et spectaculaire, son coloris tabac foncé convoque toute la sévérité du monde hispanique. |
Rouge vif, une troisième robe de mariée, entièrement travaillée tulle clôture le parcours.
Le point d’orgue de cette exposition, magistrale conjugaison de classicisme et de l’avant garde.
A l’opposé de la vulgarité, chez Saint Laurent transgression, non conformisme, érotisme jamais ne trahissent la parfaite élégance.