Commencé avec le film de Marianne Lamour et Danièle Granet , enquête remarquable par la diversité des acteurs interrogés à travers la planète, de Paris à New-York, de Dubaï à Hong-Kong, la course au record règne sans distinction, la collusion d'intervenants évidente et prouvée, la disparition d'une certaine idée de l'Art rejetée voire honnie, jusque dans l'interview , en forme de conclusion, de ce grand artiste chinois,( Zhang Huan) qui affirme le plus clairement du monde, l'absence de toute recherche d'émotion dans l'art contemporain.
Cette œuvre salutaire dresse un tableau sans appel du marché de l'Art.
Le constat est accablant, le moral en berne garanti.
Le lendemain, Lulu toujours à l'affût, se rend au Palais de Tokyo, où venait de s'ouvrir l'avant-veille l'exposition de Philippe Parreno.
Cet artiste français, adulé des conservateurs, dixit la presse, s'est vu confié par Jean de Loisy, rien moins que les 22000 mètres carrés d'exposition, très précisément la totalité du lieu, un évènement en soi, qui se décline en quatorze "stations"
Munis d'une notice de la taille de deux feuilles de papier hygiénique, aveuglés, dès l'achat de notre billet, par le panneau lumineux blanc situé derrière les caissières, vous parvenez à comprendre difficilement qu'il s'agit déjà de la première oeuvre présentée. Des luminaires accolés aux colonnes , forment un deuxième ensemble .
Pour la suite du parcours, la lecture du mode d'emploi s'avère aussi indispensable qu' abscond, contraints à plus d'une reprise de recourir aux gardiens complaisants et informés pour poursuivre votre visite , une fois vu le panneau géant sur lequel se succèdent différentes vidéos. Passés dans une salle plongée dans le noir, où soudain s'éclairent alternativement de multiples suspensions fomées d'ampoules électriques s'éclairant par intermittence ou clignotant en vous éblouissant( quelque référence au "revival" du cinétisme ), le son de Pétrouchka , sensé vous guider, émane d'un piano qui joue sans interprète...Les "stations" se suivent, le parcours est aléatoire, et malgré toute la bonne volonté déployée, et une concentration sans défaut, nous sommes ressortis sans être parvenus jusqu'au numéro quatorze intitulé Zidane...
Après la "Ruée vers l'Art" le coup de grâce.
A la Fondation Cartier, "America Latina" inaugurée dans le cadre de Paris Photos, nous conduit sous d'autres cieux.
Exposition fleuve, longue comme l'Amazone, elle traverse cet immense continent d'une extrémité à l'autre, divisée en trois thèmes; "Territoires, Villes", "Informer-Dénoncer", "Mémoires et Identité", et présente 72 artistes de 11 pays différents.
Impossible de vous rendre compte ici de la totalité des œuvres. Foisonnant de richesse et de diversité, il en ressort le terrible constat de la souffrance de tout un continent victime à la fois de la colonisation, de la pauvreté, de l'exclusion et d'effroyables dictatures courageusement dénoncées par ces artistes.
En toute subjectivité j'évoquerai seulement Claudio Rio Branco( Brésil)avec ses cartons, Facudo de Zuviria , Rosario Lopez (Chili) et ses "esquinas" , Elias Adasme(Chili) Pinochet et disparus, Leon Ferrari (Argentine) avec "Nunca Mas", Claudia Andujar ( Brésil) et le marquage des indiens Yanomanis .
Née au Brésil, imprégnée depuis toujours de la culture sud-américaine, je suis doublement sensible et intéressée par la démarche qui sous-tend cette manifestation. Il n'est jamais inutile de rappeler les souffrances d'un continent sur lequel le souffle de l'esprit n'a jamais été tout à fait étouffé.
Pour conclure cette chronique roborative, juste une mise en garde pour l'exposition "L'Art Déco séduit le Monde" au Musée de la Cité et de l'Architecture.
Jamais dans mes innombrables incursions muséales je n'ai assisté à pareil envahissement des lieux par des conférencières. Devenues ces dernières années la plaies des expositions et la souffrance des malheureux visiteurs indépendants, piétinés par leurs ouailles et les oreilles farcies par leurs commentaires,( la majorité d'entre elles ne disposant pas de micros ) au Trocadéro lundi on a atteint un record: jusqu'à trois groupes par salle(petites, je précise pour ceux qui ne connaissent pas). Je vous laisse imaginer, les conditions idylliques de la visite.
Politique du chiffre et mépris affiché pour le "solitaire" qui s'est sottement acquitté d'un droit d'entrée plein tarif, le Musée de la Cité et de l'Architecture , pour la deuxième fois se classe largement en tête de liste des lieux devenus infréquentables .
Je ne saurai trop vous conseiller de vous abstenir et de vous rendre au Musée des Années Trente à Boulogne, où loin d'être importuné par de pénibles caquetages, vous pourrez, tout à loisir, et dans la quiétude, découvrir l'ensemble de ces artistes dans un lieu entièrement consacré à cette époque.