Nouveau lieu,
Résultat concluant.
Voici la Biennale transportée au Grand Palais Ephémère.
Espace aéré, larges allées, décoration claire et moins ostentatoire, cette édition ne manque pas de qualités.
Quelques caractéristiques s’en dégagent aussitôt.
Dorénavant discrète, la joaillerie cède une large place à la peinture moderne.
Au profit des Arts Premiers, moins nombreux les grands antiquaires,
Le mobilier et les Arts Décoratifs plus récents réunissent d’intéressantes présentations.
Remarqués au cours de ses déambulations, les aperçus de LULU.
Chroniqués par «section» en deux «chapitres», chacun y retrouvera ses centres d’intérêt .
En toute logique, honneur aux Antiquaires.
Non loin, saisissant contraste chez Guillaume Léage: la mesure, la fraîcheur, la «simplicité» d’un ravissant papier peint «à la main», orné de bouquets de fleurs sur fond céladon de la maison anglaise Gournay, souligne la somptuosité d’un miroir rocaille à décor de masques, d’un autre à motifs de roses et de chimères, l’un surmontant une console sculptée de dragons, l’autre une riche commode.
Au chapitre mobilier fin XIXe et début XXe le viennois Florian Kolhammer présente un ensemble remarquable d’objets et meubles de la Sécession. Entre autres, une plaque relief de Klimt «Carpe Diem» une coupe en argent de Josef Hoffmann, le guéridon «elefantenüsseltisch» de Loos pour ne citer que les signatures les plus connues.
Chez Kunsthaus Kende, déclinée depuis l’Art Nouveau : ensemble de Boleek Pollack ( Vienne 1909), jusqu’aux étonnantes et séduisantes créations contemporaines l’argenterie exerce tout son attrait par sa qualité et sa diversité.
Chez Anne-Sophie Duval, on ne voit que ses deux panneaux à décor de laque brune et or à décor végétal signés Rateau provenant du Palais de la Duchesse d’Albe. Plus modeste, mais non moins remarquable et particulièrement raffinée, une petite table d’appoint en acajou de Clément Rousseau au plateau en galuchat et petits tiroirs à boutons d’ivoire contenant les cendriers de verre.
Parfaitement bien mises en valeur dans leur ordonnancement décalés sur plusieurs niveaux, sous le titre « Des Artistes modernes, Sèvres et Baccarat » les vases et coupes de porcelaine ou en verre souvent négligées, prennent ici tout leur relief chez Didier Luttenbacher
Dans un savant mélange Sao Roque, venu de Lisbonne, nous fait voyager d’un continent l’autre et jusqu’à aujourd’hui avec cet un écritoire Namban d’origine nippo- portugaise du XVIe presque totalement recouvert d’ incrustations de nacre jusqu’au grand portrait moderne de Pessoa dessiné à l’encre d’Inde par Pomar, grand peintre contemporain portugais (qui n’a pas exposé à Paris depuis trop longtemps |
Chez Sarti, parmi les Primitifs italiens, véritablement sublimes sur leur fond or, les chefs d’oeuvres de maîtres du XIVe et de la première moitié du XVe se côtoient et nous émeuvent. Ce panneau latéral aux couleurs vives d’un petit, retable de Zanino di Pietro , deux évangélistes, « visage très expressionniste, drapés sinueux » suffit à nous émouvoir. |
Une place jamais encore accordée revient aux Arts Premiers.
Au milieu d’une offre abondante, quelques exemples retenus
Sur le parcours, comme pour en préserver la magie, ces présentations se découvrent presque toujours dans une mystérieuse pénombre.
La galerie Monbrison, sans doute la plus spectaculaire, fait se dresser sur leur haut socle, entourées une sorte d’écrin ovale, une «armée» de totem véritablement saisissante.
Loin de cette monumentalité, chez Meyer-Océanie et Arctic Art, une minuscule tête d’ivoire de morse, Alaska,(pommeau de canne?) vous interpelle par la vivacité de son regard, deux perles de commerce en verre bleu de Sibérie
Chez Montagut Gallery un masque Dan, Côte d’Ivoire, frappe par sa modernité par ses reliefs contrastés avec les creux de ses yeux en fentes, et ses saillies de la bouche et des lèvres.
Prépondérante, très largement représentée, la Peinture Moderne rassemble un nombre important de galeries connues.
Un large ensemble d’oeuvres de qualité pour justifier ce chapitre dans lequel se retrouvent de nombreux artistes toujours appréciés de Lulu.
Chez A&R Fleury, une grande sculpture d’Alicia Penalba occupe le centre de l’espace entourés de Veira da Silva, Sam Francis très présent cette année.
Remarqué chez son voisin, le suisse von Vertes, un superbe Fontana rose, un important outre-noir de Soulages.
Chez Bérès, original service d’assiettes sur fond noir signé Picasso,, un vigoureux Nicolas de Staël abstrait de 1949 sans oublier de petits Martin Barré ni les feuillages Sam Safran. Comme relégué, un couple de Laurens, petit format en bois sculpté, se découvre sur l’étagère basse d’un léger meuble d’appoint. |
Présent chez Whitford Fine Art, une œuvre tout en matière, bleue et blanche, du belge Bram Bogart qui a formé Tapies.
Pour conclure ce parcours, l’ Oiseau de Germaine Richier, le Fautrier de tonalités translucides, le puissant Tapiès noir n’auront pas manqué de retenir l’attention chez de la Béraudière tout comme le Laurens et le Torse de Germaine Richier mentionnés au paragraphe ci-dessous.
Dans le domaine de la sculpture, honneur à La Galerie Malaquais.
On y découvre quelques pièces maîtresses, telle cette main de Rodin, et de Camille Claudel,une petite épreuve en bronze de «l’Abandon», véritablement bouleversante, et une Tête d’Implorante ; de Germaine Richier, la puissante «Femme Assise». Les œuvres de cette artiste majeure se retrouveront tout au long du parcours : sa rétrospective au Musée Pompidou lui a redonné toute sa notoriété.
Ainsi, la Galerie De La Béraudière, présente «Torse», bronze à patine foncée et l’Oiseau, sans oublier ce sensuel Laurens tout en ronde bosse de 1939 «La Corbeille».
Pour conclure, en Joaillerie, Lulu s’est particulièrement attardée devant les vitrines de Larengregor de Génève, fascinée par l’exceptionnel collier de Lalique l’une de ses libellules articulée et d’un ensemble broche en émail bleu profond sur or et perles. Des années trente, de grande qualité, une pendule de belle dimension de Cartier proche d’un objet de table du même joaillier. Ecclectique dans ses choix, Jacques Sitbon a encore sélectionné une généreux collier drapé de Sterlé en topazes brûlées et un très «technique» anneau Art Déco illustrant parfaitement le travail de Jean Desprès. |
Optant pour une modernité résolument assumée, Walid Akkad enserre nos poignets dans des bracelets rigides en or sculptés de formes dentées et à surface plane, ou évidés de larges cercles sinueux. Il les décline aussi en bois précieux égayés de pastilles ou de griffures d’or. Un style, incontestablement.
Au mépris des conventions et des codes, toutes uniques, déclinées ici sur le thème végétal, aériennes en dépit de leur taille peu commune, leur légèreté et l’infini raffinement de leurs coloris délicats et de leur monture «aérée» ont su séduire Lulu à l’image des stars déjà clientes de ce premier joaillier chinois installé en studio Place Vendôme et à Shanghai.
Sa broche «Pink Anthurium» associant tourmaline bleu vert, morganite, tsavorite rose, quartz jaune saphirs roses, diamants blanc titane et or nous en donne une exquise illustration.
Certains se récrieront. D’autres s’extasieront.
Une certitude: l’audace du créateur requiert l’audace de la cliente.