Incarnation du renouveau de l’élégance française dans l’immédiat après-guerre,
Consacré par un succès mondial jamais démenti,
La fascination Dior opère toujours.
Illustration d’une pérennité qu’aucune autre «Maison», exception faite de Chanel,
Ne connaît depuis la disparition de son créateur voilà plus d’un demi-siècle (1947).
Après Yves Saint Laurent, l’héritier désigné,
Chacun des successeurs a laissé dans la maison l’empreinte de son style.
Fidélité absolue durant les longues et sages années Bohan,
Exubérance toute italienne avec Gianfranco Ferré
Baroque sans frontière de la période Galliano,
Rupture dans le dépouillement sous Raf Simons,
Retour aux sources, inégalement réinterprétées, avec Maria Grazia Chiuri.
Pour La Galerie, à l’image de l’exposition au Musée des Arts Décoratifs (Lulu d’octobre 2017)
Le Groupe LVMH n’a pas lésiné sur les moyens.
Résolument moderne,
Dans le hall d’entrée noyé de lumière,
Un portrait géant de Dior par Yang Peï Ming vous accueille.
Telle une jolie collection de papillons épinglés dans leur boite,
Verticalement suspendus derrière la paroi de verre longeant la courbe du large escalier blanc conduisant à l‘étage,
Réalisées en trois D,
Se succèdent gaiement dans une palette allant du rose fuchsia au parme défaillant, en passant par le blanc jusqu’au noir,
Robes miniatures, sacs iconiques, escarpins, bibis, flacons précieux.
Gamme musicale et colorée invariablement répétées,
Du meilleur effet.
A l’étage débute l’historique de la Maison.
L’étoile porte- bonheur de Dior, homme superstitieux s’il en fût,
orne la porte d’accès.
L’incontournable tailleur Bar et deux robes au virtuose travail de broderies florales
Définissent aussitôt la «griffe» du Maître.
Des constantes qui se retrouveront tout au long du parcours.
Consacrées à l’enfance et à la jeunesse de Dior,
sont évoqués en début de visite:
La maison de Granville, la ruine de la famille, les vifs croquis de chapeaux que le couturier vendait aux modistes à ses débuts, son passage comme modéliste chez Robert Piguet, sa précoce reconnaissance par la presse étrangère, et son goût pour la création de costumes pour le cinéma,
Sans oublier l’extrême raffinement de la présentation de Miss Dior, son premier parfum, avec ce flacon présenté sur fond de satin plissé qu’enserre un cadre ovale surmonté d’un ravissant nœud à coques.
Seul couturier à avoir jamais été invité à donner une conférence en Sorbonne, Monsieur Dior comparait son métier à de l’architecture.
En dépit de sa timidité, il dévoile une forme d’extravagance dans les costumes qu’il arbore à l’occasion des grands bals «déguisés».
Popularisé jusqu’à aujourd’hui, il s’empara très tôt de l’imprimé panthère décliné sur des escarpins ou utilisé pour un petit manteau de pluie évasé.
La féminité de ses basques froncées et ses jupes virevoltantes, magistralement exécutées en crêpe de laine, s’affirment sur «Caprice», simple robe d’après-midi.
Porté par Josette Dée, «Palais de Glace», ensemble de lainage, veste courte près du corps bordée de vison, large jupe à godets, semble sortir de l’atelier.
De nombreuses photos le font encore apparaître aux cotés Marlène Dietrich ou Jane Russel.
Passée ces premières salles
Le visiteur plonge dans la pénombre mystérieuse des «Jardins de Nuit».
Dans un décor résolument noir, présentées séparément, toutes périodes mélangés, ces robes viennent, dans des styles différents, célébrer le thème des fleurs, la passion de Monsieur Dior née dans le jardin de son enfance à Granville.
Galliano fait s‘élever en transparence sous un voile de tulle noir, d’éclatants et vénéneux pavots depuis le bas de jupe,
Dans sa sobriété, Saint Laurent, sur une robe de taffetas de soie imprimé de grappes fleuries sur fond bleu, retient l’ampleur d’une jupe raccourcie sur le devant par deux gracieux petits nœuds. Un simple corsage décolleté bateau et manches courtes équilibre le modèle.
D’une délicatesse diorissime, il parsème encore d’exquis bouquets fleurs d’oranger le bas d’une robe de la fameuse saison «ligne trapèze».
Dans «Jardin d’été», inondée de lumière, tombant du plafond, signé de l’atelier Wanda, des flammèches de papier blanc découpé semblent évoquer les grappes des glycines stylisées. En fond de «décor» la façade de Granville, au sol des motifs de roses.
Pour illustrer ce thème, jupes en pétales, fleur piquée sur bustier, ou série de volants minuscules soulignés de muguet ornent quatre ravissants modèles pour soirs d’été.
Pénétrons maintenant au cœur de la partie historique du 30 Avenue Montaigne.
S’ouvre le bureau de Monsieur Dior.
Reconstitué avec les pièces d’origine, son bureau plat de style Louis XVI, conforme à ses goûts, dessus son sous-main, un téléphone en bakélite, des croquis éparpillés. Au mur un croquis original de Christian Bérard; derrière le bureau deux grandes feuilles blanches où se lisent le nom du mannequin et du modèle qu’elle présentera, épinglé à coté, l’échantillon de tissus correspondant.
A la suite, par surprise,
Sous nos pieds, un plancher de verre dévoile la cabine des mannequins telle qu‘en 1947.
Autre lieu émouvant, aussi évocateur de la «tension» des défilés.
Y règne un joyeux désordre. Négligemment abandonnés, bas, gants, chapeaux sont éparpillés dans ce local aux dimensions modeste. Plus sages, se suivent sur les tringles le long du mur les housses recouvrant les modèles.
A son génie de couturier,
Monsieur Dior associait un sens aigu des affaires.
Précurseur,
Il a parcouru le monde, présenté ses collections partout à l’étranger, créé des boutiques et licences sous son strict contrôle sur les deux continents.
Le prétexte à une «Invitation au Voyage» autre thématique.
A suivre...