A Créteil, le thème "Expomicromacro" est un enchantement qui nous console bien des deux soirées théâtrales présentées dans le cadre de ce même festival.
Depuis de nombreuses années la M.A.C. parvient d'une façon formidable à rendre proches, si ce n'est familières, les réalisations les plus contemporaines de l'avant-garde artistique qui rencontrent ici un très large public réunissant toutes les générations, faisant se croiser les amateurs les plus avertis et des groupes de lycéens, tous aussi à l'aise dans cet environnement sonore, technologique et visuel.
Très peu d "Installations "avec mode d'emploi obligé et médiateur indispensables pour leur bon usage, tel " Terreform One "dont je vous épargne le message sibyllin pour non initié.
De nombreuses œuvres au charme, à la fraicheur, ou la poésie communicative:
Comment ne pas rêver dans les kaliédoscopes géants et multiformes du magicien Philippe Decouflé et face à son impressionnante collection de "meubles optiques" et "interactifs" .Tous ont servi à ses spectacles d'anthologie.
Dans les effets d'optique, toujours, les suspensions de loupes de tailles diverses , aux ravissants effets cinétiques d'Iroto Ikeuchi, artiste japonais, dégagent une grace infinie. A coté, sa roue cinétique et sonore est véritablement vertigineuse.
Comment ne pas retrouver ses joies d'enfants devant les dizaines de petits chiens en peluche de Kris Verdonck qui se roulent sur le dos, queue remuante, en jappant curieusement en fonction de l'éclairage.
Comment ne pas sourire encore face l'ironie et l'humour qui se dégage des vidéos d'Anne Roquigny avec ses Lolcats
et autres créations digitales et acidulées, tout comme devant la sculpture de cent vingt appareils ménagers, interactive et sonore , de l'allemand Boris Perovsky, accompagnée d'une notice d'utilisation signée Moulinex .
Créteil, un authentique vivier
S'y plonger est un bain de fraicheur.
Radical changement d'atmosphère à La Maison Rouge où la légèreté est rarement de mise.
Berlinde de Bruykere y expose ses dernières œuvres.
A la Galleria Continua, il y a quelques années, je reculais, saisie d'effroi devant ses chairs sanguinolantes et mutilées, devant ses dépouilles d'animaux au réalisme terrifiant.
Je l'ai retrouvée chez Yvon Lambert cet été, impressionnante face à Louise Bourgeois et Kiki Smith.
Chez Antoine de Galbert, trois troncs d'arbres géants sont réunis dans une même salle.
La force qui s'en dégage est d'une intensité dramatique comparable aux peintres espagnols du Siècle d'Or.
Leur intensité, presque insoutenable.
Cloués par l'émotion, on peine à se mouvoir autour de ces sculptures comme empalées sur leur socle de fer, mélange de chiffons enveloppant des "restes" plus proches de moignons de chairs en voie de décomposition que du monde végétal.
Œuvres coup de poing, on ne sort pas indemne de cet "affrontement' au nadir du tragique.
Dans notre univers dominé par le virtuel et les effets, la radicalité de Berlinde de Bruyckere résonne comme un cri déchirant.
Artiste majeure, bouleversante, elle nous ramène à l'essence même de notre être.