Après « Balenciaga, L’œuvre au Noir » présenté hors les murs au Musée Bourdelle sommet d’élégance maîtrisée, (Lulu de mars 2017) l’univers du show-Biz scintille au Palais Galliera.
Privilège sans précédent, flagrante illustration de l’efficacité et de la puissance de certaines amitiés,
Cette deuxième exposition succède à celle de 2007 organisée dans les salons de l’Hôtel de Ville à l’initiative de Bertrand Delanoë, alors Maire de Paris, et ami intime de la chanteuse.
Le Musée de la Mode appartient à la Ville de Paris,
Anne Hidalgo, en digne héritière, renouvèle la tradition une décennie plus tard à l’occasion cette fois les trente ans de la disparition de la vedette.
Clos ce nécessaire préambule pour mieux comprendre la répétition de l’évènement, la star du disco, à défaut d’une vie heureuse, bénéficie d’une postérité soigneusement entretenue par son frère Orlando qui vient de faire don de sa garde-robe au Musée Galliera.
Assurée par une autre star de sa profession : Robert Carsen, la scénographie fait appel à toutes les composantes du spectaculaire, glamour et people.
A ses débuts, brune aile de corbeau, Dalida, hormis sa première tenue de scène de velours cramoisi assortie au rideau de l’Olympia, affectionne particulièrement les robes primesautières, style Bardot, jupe ample et gorge pigeonnante soulignée de broderie anglaise, présentées sur mannequins. Jean Dessès en a créé les plus charmantes.
Suivent en enfilade, se répondant face à face dans le grand salon scindé en deux, l’impressionnante collection de longs fourreaux, de qualité variable : chez les grands, Pierre Balmain la façonne en ziberline blanche, dentelle crème ornée de fleurs rebrodées de perles, fluide soie ivoire éclairée de motifs en tube de verre soulignant ses formes ; Azarro la voit plus aérienne dans ses robes de fine mousseline noire, effets de transparence sur le velours, effet de légèreté avec ses pans volants.
Mais alignés au même titre, s’intercalent quelques pièces en vilain jersey synthétique de fabrication médiocre. Sans doute seyants portés, ils restent ordinaires comparés aux essentiels du prêt-à-porter Saint-Laurent Rive Gauche des mêmes années soixante-dix : trench, smoking, ensemble robe et jupe de mousseline lamée. Leur répondant en face, devant l’immense collection de pochettes de disque épinglées au mur, les tenues hippisantes et les non moins folkloriques brassières et pantalons de jean parsemés de fleurettes ou agrémentés de dentelle…
Murs recouverts de longues lanières de cuir or, sol pailleté d’or, la salle suivante présente, réunies par thème et par couleur posés sur des socles tournant, véritables manèges miroitant, une pléiade de tenues des « Show » de la dernière décennie. Plumes, strass et paillettes y sont déclinés sous toutes leurs formes.
« En Ouverture » à l’entrée du salon, digne des revues des Folies Bergères, créée par Michel Fresnay et réalisée par Mine Barral, une volumineuse et longue cape plissée en nylon rose vif, bordé de renard du même coloris découvrant un maillot de velours noir, frangé de jais aux échancrure des jambes, surmonté d’un nœud paillon du meilleur effet, donnent le ton.
Moins follement spectaculaires, les autres tenues portées pour les shows télévisés ou des salles comme le Palais des Sports, n’en recèlent pas moins gracieuses, quelques pépites. Les imprimés animaliers en constituent peut-être les plus bel ensemble tacheté, panthère, python traités en mini bikini attaché par des ficelles, ou boléro et corsaires façon tigre et frangés tout du long. Impossible de ne pas évoquer encore le coté orientaliste, avec ses bouffants pantalon d’odalisque, ses sequins dorés, ses fleurs exotiques.
Avant, présentées dans de sages vitrines, tous les accessoires aussi méticuleusement conservés. Souvenirs ou fétiches, bijoux fantaisie, chaussures, lunettes de soleil s’accumulent.
Petite accalmie dans l’étroite salle suivante égayée de quelques modèles de Jean-Claude Jitrois beaucoup portés à en juger leur aspect passablement défraichis, et le curieux ensemble gilet et pantalon de « gaucho » rigide en lamé noir et or de Paco Rabane. Visiblement prisés par l’interprète, leur répondent, étonnants par leur dimension, toute une collection de grands bérets plats.
Pour clore la visite, une évocation de la carrière « cinématographique » : Dalida se rêvait en star dans sa jeunesse.
Au- dessus de trois grandes marches recouvertes du légendaire tapis rouge du Festival de Cannes, un écran.
Sur ces marches quelques robes et ensembles portées pour les tournages et à la ville.
Dans les extraits de nanars projetés on retrouve le bel ensemble de Balmain de 1961 pour « Parlez-moi d’Amour » et porté lors des représentations du film, ou encore, la robe courte de dentelle noire, sexy et chic, devenue le costume de » L’inconnue d’Hong-Kong » cinq ans plus tard.
Son corps et sa chevelure entièrement masqués, c’est dans une longue et ample robe noire qu’elle termine sa carrière au cinéma en 1986 dans « Le sixième jour » de Youssef Chahine, son compatriote.
Après avoir brillé des mille feux de la popularité, vendu un nombre record de disques,
Dalida se supprimait l’année suivante.
Trois décennies plus tard, son Fan Club, lui, semble lui plus actif que jamais.
Pour moi qui ai eu la « chance » de la découvrir au naturel, je garde le souvenir d’une belle femme.
Méconnaissable, sans ressemblance aucune avec cette image « fabriquée », à l’usage de la grande consommation.
P.S. A quand l’exposition Dario Moreno ?