Des lignes aux formes géométriques, cercles, parallélépipèdes, rectangles les emprisonnent.
Un rose tendre, à la fraîcheur d’une peau de bébé, caractérise les chairs.
Les rouges, rouges sang, bourgogne, carmins, le jaune citron éclatant, l’orange coucher de soleil, l’améthyste profond, définissent, révélateurs en larges aplats, cadres ou arrière-plans.
Au savant prétexte d’illustrer les rapports du peintre à la littérature,
saisissants, impitoyables, mortifères, érotiques,
figures ou membres tronçonnés, torturés, déformés,
mâles, animaux, personnages mythiques,
qu’emportent ou animent une force dynamique, tellurique,
tétanisés de terreur, hurlant de douleur,
s’affichent :triptyques, grandes toiles, petits formats,
Les textes choisis, et fort mal lus, de Nietzche, Eschyle, T.S. Eliot, Joseph Conrad, Michel Leiris, Georges Bataille, s’écoutent dans de petites salles attenantes aux œuvres exposées.
Ces témoignages des goûts littéraires de l’artiste, de ses obsessions,
viennent seulement compléter sous un angle d’érudition,
des œuvres à l’évidente puissance, à la force paralysante.
Récusant à la fois l’expressionnisme et le surréalisme dans une interview passionnante projetée en fin de l’exposition,
vieilli, le visage bouffi,
Bacon résume lui-même ses recherches
« Comment attraper la réalité sans sombrer dans l’image »
pour conclure, tragique de lucidité :
« on passe sa vie bras dessous avec la mort ».
Affirmation claire, sans appel .
Traumatisante , sublime, une peinture qui vous laisse pantelant,
une peinture qui vous prend aux tripes.