Beaucoup plus étendu qu’auparavant.
Dès les premiers pas, chez Christophe Gaillard, quelques Kudo (aquarium et piège à sexe mâle) bien kitsch et du plus pur mauvais gout me mettent toujours en joie.
Plus loin, Huit+Quatre présente un magnifique jeu de construction en onyx des Poirier artistes devenus trop rares ces derniers temps ; à côté « Log », bûches de bronze ornées de feuillages délicats signées Arik Levy.
Photos dérangeantes de Dario Villalba chez Armand Lefevbre qui propose aussi d’intéressants clichés d’Espavisa , et les fines grilles brodées de la caraïbéenne Hessie.
Pour les fans de la Beat Generation, une encre multicolore de William Burrough chez Semiose.
Chez Fortes Vilaça, Sao-Paulo, les enveloppes déchirées, alignées sous le verre d’une grande boite de Rodrigo Matheus ne laissent pas indifférent.
Décorative, la grande feuille jaune bouton d’or de Mario Merz chez Vilma Gold de Londres, riche aussi des petits pois verts de Kusada non loin, curieusement, d’un vigoureux Bazaine rouge.
Les grands formats noir brillant, photographies à partir d’un travail sur Ipad de Nicolas Lama ne manquent pas d’élégance chez Meessen de Clercq ;
D’actualité, chez Essex Street, la sculpture basaltique de Park Mac Arthur a de troublantes ressemblances avec la Kaaba..
Venue de Mexico, la galerie Labor expose entre autre les toiles étranges de l’argentine Irene Kopelman, petits espaces amibiens cerclés de noir « Volcanic Landscape ».
Quant aux polos épinglés de Van Doesburg ( ne pas confondre avec Théo) ils séduisent visiblement le pompier de service qui les photographient avec soin.
Le romain Monitor expose lui un travail bi -chrome rose et bleu de l’artiste Elsa Montessori, mondialement reconnue.
Edouard Malingue se concentre depuis son ouverture à Hong-Kong, sur deux artistes asiatiques : Chou Yu Cheng avec ses bobines blanches alignées devant les panneaux de métal scintillant de Samson Young.
Julien Prévieux, chez Jousse, a créé une instable colonne de toupies dont surface polie compose une courbe sensuelle.
Théo Mercier chez Bugada et Cargnel s’en prend aux arts premiers avec une accumulation de masques africains tous ébréchés quand ils ne sont pas encadrés dans une chambre à air. Sarcastique.
Chez Lovenbruck la grande série de portraits de chiens, pompiers à souhait, tournent en dérision académisme et passions canines ; Plus sérieusement, les carrés blanc sur papier calque de Michel Parmentier, relève d’un travail subtil.
PKM de Séoul expose une toile monochrome diaprée, non sans ressemblance avec Rothko, de Yun Hyong Keun, aujourd’hui disparu.
Place aux stars :
Suite sous la coupole.
Déjà, comique de voir les dessins de Bellmer présentés chez UBU (gallerie)...
Splendide ensemble de Kounellis chez Gavin Brown’s Enterprise : ses meubles ligotés ou enveloppés sur plaques de métal verticales ou horizontales impressionnent.
Bernard Ceysson expose plusieurs Viallat. Son immense panneau sur fond orangé en constitue l’acmé.
Coté Seine, niveau O Allée B, seul Max Hetzler se distingue par son saisissant tronc évidé de Wei-Wei ; au mur Simon Hains et un grand panneau d’acrylique sur bois de Gunter Forg.
Chez White Cube Damian Hirst aligne les rangées de comprimés noirs dans une étincelantes vitrine-miroir.
Ses cimaises présentent de grands portraits inversés de Bazelitz ; debout, la fine structure de Gormley a pour titre Man II ;
Toujours bien représentés chez Jeanne Bucher, Veira da Silva avec sa mince boite en carton aux intérieurs peints et Arpad Szenes ;aussi un excellent Staêl de 48 dans les coloris blanc ocré ; plus surprenante, l’encre de chine et matières médicinales, relief sur papier de riz de Yang jie Chang bien plus élégante que ses branches de cerisiers sur fond bleu céruléen.
Ensemble de sculptures de petit format mais de grande qualité chez Guillermo de Osma : Chillida, Millares, et Gargallo avec sa Bacchante à Feuille côtoient une toile deTorres Garcia.
Encore Kounellis chez Tornabuoni, marchand de Fontana représenté par de nombreuses faïences que je m’abstiendrai de qualifier.
C’est avec un cœur écarlate, géant, parsemé de bucoliques papillons que l’on retrouve Damian Hirst chez Van de Weghe, qui présente, plus sérieusement, un immense Basquiat vierge de figure humaine, et Calder.
Saluons le courage d’Applicat-Prazan : son stand entièrement consacré à Zoran Music remet à l’honneur un immense peintre jadis représenté chez Marwan hoss ou Claude Bernard. Amoncellement de cadavres de déportés, auto- portraits, ou portrait de son couple devenus ombres baignées de flou, vieil or brun, bouleversent simplement. Authenticité du tragique.
Bubuffet à l’honneur chez Landau Fine Art. Certes. Mais comment ne pas s’ébaubir devant pareil accumulation d’autre pièces maitresses : admirables sculptures, l’Arlequin cubiste de Lipchitz, une Flora de Laurens, un « family group » d’ Henry Moore, le cavalier de Marino, un Miro mirobolant.
Du « classique » exceptionnel.
En se rapprochant de Champs Elysées Thaddeus Ropac présente Gormley, encore, Bazelitz toujours : nu couché noir, exode gris de Yun Pei Ming, Runner de Toni Cragg
Honneur à Morellet récemment disparu chez Kamel Mennour, présent sur son stand. Discrète, petite, mais apocalyptique, l’œuvre des frères Chapman avec ses scènes de violences nazies. Kawamata, que l’on retrouve ailleurs, propose ses frêles constructions de bois léger : décentrée, « Huts in the Tree » n’occupe que la moitié du support.
Karsten Greve surprend avec un Louise Bourgeois presque apaisé mais éloquente : un bloc blanc découvrant une feuille. S’y ajoutent des Soulages outre-noir, un Kounellis encore, un Fontana lacéré.
A l’extérieur du stand d’Amely Juda le clinquant de David Hockney attire l’oeil, le même « Garten », pouf phallique orange fluo de Franz West se retrouve chez Gagosian !. A l’intérieur, Kawamata, la « monumental Mountain « de David Nash comme le bloc de pierre enserré d’Antoni Caro sauvent l’honneur.
Chez Daniel Templon, la foule se presse en dépit de son « déclassement » à la limite du carré or. Boudeur, le maître des lieus brille par son absence . N’ayant jamais partagé ses choix artistiques, je passe sur l’ensemble où se distingue toutefois Arman avec son » Palais de la Méditerranée », accumulation de jetons de casino, un buste de César et le sensible Philippe Cogné. Reconnaissons au galeriste sa persévérance couronnée du succès de cinquante années d’exercice à nouveau célébrées.
Mitchell-Innes et Nash sont les seul à proposer deux Pol Bury, « Tiges » et White Points » animés comme de cils vibratiles aux côtés d’un Henri Moore, maternel cette fois, et Max Ernst.
Luciano Brito a du succès avec l’argentin Leandro Erlich (présent depuis longtemps à la Galleria Continua) et ses » Changing- Room » qu’il affectionne.
A la Galleria Continua voisine, nous retrouvons « l’écurie » de Boissy le Chatel au grand complet :Pascal Martine Tayou et sa poupées de verre, les miroirs brisés de Pistoletto, d’ effrayants scalps enroulés sur leur différents instruments de « coupe » étagés sur une plaque de métalde Kounellis, décidemment très prisé cette saison, encore un miroir, mais concave martelé sans gigantisme signé Anish Kapoor, un relief blanc de Loris Cecchini, l’incontournable panneau de verre coloré de Daniel Buren, enfin Kader Attia et son soldat blessé, gueule cassée.
L’alignement de gros poissons pendus à une barre de bois de Mark Dion chez Nagel Draxler me semblent aussi hyper-réalistes que les touristes de Duane Haison, assis à l’entrée de la Galerie Gagosian, incontestables vedettes photographiées par le public. A l’intérieur du stand, chicissime, l’anonymat des œuvres est une règle intangible.
Sadie Cole de Londres fait la place belle à Urs Fisher, artiste helvète aussi vu à la Galleria Continua. « Scribble Lines » déploie sa courbe colorée, façon pâte à modeler étirée comme les deux fauteuils et poufs à la surface bosselée gris verdâtre, consistance indéfinissable, et ses tableaux figuratifs, portraits découpés sur leur support évidé. Très en vogue.
Louise Nevelson, découverte de Daniel Cordier en France, est représentée par un saisissant et monumental ensemble blanc devant Pace , plus reconnaissable, à l’intérieur, le panneau noir et ses bobines. Un exceptionnel mobile blanc de Calder en provenance de sa maison de Saché, tourne doucement au-dessus de deux stabiles noirs aussi beaux.
Marian Goodman présente un Boltanski caractéristique :éclairées par des lampes, des photos en noir et blanc surmontent un triste tiroir de métal.
Fidèle à elle-même, Anette Messagera transperce les doigts de gants noirs de cascade de crayons de couleur à la mine effilée.
Uniques Penk chez Michael Werner, avec Totem bleu, et autoportrait de bronze. Mais on se passerait des Lupertz et Eugène et Leroy n’en déplaise à certains.
Les visages pseudo naïfs de petite fille yeux ronds, rouge aux joues, et les têtes sculptées façon faux bouddhas de Nara occupent tout l’espace de Blum et Poe. Etrange mauvais gout.
Valeurs sures et reconnues chez Lelong : David Nash, bois et brindilles en bronze surmontées surmonté d’un dessin, , bel Alechinsky bleu aéré et spatial, Jan Voss très colorés, ultime Tapies magnifique tout en matière et densité.
Comme à l’étage, Almine Rech montre Ha Chong Hyun. Contraste spectaculaire avec la vulgarité voulue d’un Wesseleman peignant un soutien- gorge de dentelle noir chu sur de criards escarpins émeraude ou le nu de Chloé Wise, un artichaut dans une main, une rose rouge dans l’autre, un nid de tagliatelles en sauce et ses rondelles de tomates en reliefs de plastique gracieusement déposés au bord de la toile.
Lehmann Maupin a choisi sa nouvelle recrue, Lisa Lou, newyorkaise installée en Afrique du sud depuis 2005, pour son travail sur cotes de maille et filet or accrochés sur châssis de bois ou ses cordages enroulés sur la toile. Griffée à coups de stries, les grandes toiles abstraites d’Angel Otero complètent la présentation.
Georges-Philippe et Nathalie Valois, sont seuls à mettre à disposition du visiteur, une feuille de présentation des artistes exposés. Une foule de curieux se presse autour de « Depuis le Terre jusqu’au Ciel » de Gilles Barbier. Haut de trois mètre cinquante, sa curieuse tour Babel superpose, pleine de poésie enfantine, de minuscules maisons sur chacune des branches de son arbre émergeant de ses racines noueuses.
Non loin trône, iconoclaste, le « Grand Autel » emblématique d’une Niki de Saint-Phalle révoltée. Tinguely l’accompagne d’une œuvre hélas statique à ce moment, une roue plantée d’un ficus empoussiéré. Un Villeglé au fond écarlate jouxte naturellement Raymond Hains
Je préfère d’autres Martin Barré à celui qu’expose Nathalie Obadia : deux carrés, un rose, un bleu, en haut d’un fond blanc plat. Fabrice Hyber nous « rafraîchit » de ses concombres et cerises bien colorés, et Carole Benzaken orne le mur extérieur.
Indigeste, le grimoire ?
Il se butine aussi bien.
Lulu s’est efforcée de vous donner un aperçu des cent quarante-neuf galerie présentes au Grand Palais.
La visite s’est révélée épuisante pour elle aussi.