En survêtement rubis, le danseur débute son solo par un saut de l’ange à travers la projection d’une surface animée de vaguelettes.
La création visuelle signée Adrien M et Claire B constitue la véritable réussite de la pièce.
Projections d’éléments aquatiques, pluies d’étoiles, queues de comètes, rideau de pluie ascensionnelle, rampes de jets lumineux servent d’écrin aux évolutions du danseur étoile qui s’agite avec force moulinets de bras, exécute quelques brasses en suspension intersidéral et au final, tel le Capitaine Némo, tourbillonne dans un large peignoir ouvert face à un gros poisson gonflable agitant sa queue.
Sans doute un cadeau de la Direction pour fêter le départ à la retraite du danseur….
Créé en 1968, « Walkaround Time » de Merce Cunningham partage le public.
Supervisé à l’origine par Jasper Jones, le décor se compose de diverses boites de plastique transparentes contenant d’improbables machines inspirées par « La Mariée mise à nu par ses célibataires, même » de Marcel Duchamp.
En justaucorps safran, bronze, absinthe, corail, vieux rose, les danseurs font preuve d’une parfaite maitrise dans la déclinaison de toute la grammaire du chorégraphe bien mise en relief par la musique de David Behrman.
La répétition de l’exercice dans un silence que vient interrompre quelques ronflements de moteurs, bruits de pas, bribes de textes au son projeté tout autour de la salle, devient vite lassante, datée, démodée, vieillie.
L’attention soutenue déjà nécessaire pour suivre la première partie se transforme inexorablement en profond ennui.
Une courte pause des danseurs sur de vieux tangos n’y change rien.
Quarante -huit minutes de danse qui paraissent interminables.
Regrettable pour les exécutants,
D’inévitables huées saluent la fin de la pièce.
Place à Forsythe.
Les quinze minutes de « Trio » nous réservent, sur le Quinzième Quatuor de Beethoven sans cesse interrompu, une chorégraphie sans davantage d’intérêt.
Largement inspirée du « Hip-Hop » les danseurs habillés de marcels et flottants luisants aux couleurs affreusement criardes, s’agitent dans une frénésie gratuite après nous avoir découvert avec insistance, statiques face au public, une partie de bras ou de jambe.
Facile clin d’œil aux jeunes,
Limites d’une modernité qu’il vaut mieux laisser à ses créateurs autrement doués.
La consolation viendra enfin.
Brève, intense,
Accompagnée de la révélation d’un jeune talent éblouissant, évident : Pablo Legasa qui brille au milieu des cinq danseurs de la première partie d’« Herman Schmerman »
Son aisance parfaite ses battement de pieds, ses sauts, son port de bras, sa souplesse féline,, sa danse « coulée », font de ce choryphée le sujet le plus brillant qu’il m’ait été donné de voir durant cette trop médiocre saison.
Animé, dynamique, enlevé, séduisant, cet hymne à la danse enchante, dissipe, miraculeux, tout l’ennui jusque -là ressenti.
Fausse note au final.
Le duo en jupettes plissées citron et noir, Amandine Albisson et Audric Bezard, grande perche dégingandé aux cheveux ailes de corbeau, n’apporte aucun supplément d’âme à une chorégraphie dénuée de toute singularité.
Dernière morne soirée à l’Opéra.
A l’image des précédentes.
Lassée, Lulu ne renouvèlera son abonnement danse.