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Soudain l’Eté Dernier de Tennessee Wiliams mise en scène de Stéphane Braunschweig à l’Odéon jusqu’au 14 avril

8/4/2017

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Daté mais touchant.
​En 2011, pour le centenaire de sa naissance, dans une pièce écrite par Benoit Solès : « Appelez-moi Tennessee », se dessinait, au cours d’une interview électrique, la personnalité profonde de l’auteur américain.
Passablement éméché, « désinhibé », ses confidences évoquaient sans fard tous les «  traumas » d’une vie marquée par la culpabilité, l’angoisse de ne plus pouvoir «  créer », l’échec de ses dernières pièces, et bien sur son homosexualité assumée, objet de mépris aux Etats-Unis à cette époque.
La psychanalyse triomphait alors. Elle occupe aussi une place déterminante dans «  Soudain l’Eté dernier » dont toute l’intrigue repose sur un absent : Sebastien Venable.
Disparu «  Soudain l’Eté Dernier », sa mère  riche, possessive, castratrice, se montre prête à subventionner une fondation en faveur du jeune docteur Cukrowicz, si celui-ci accepte de lobotomiser Catherine Holly cousine de Sebastien et déjà internée, afin de ne plus jamais l’entendre «  blablater, blablater, blablater » sur les circonstances d’une disparition qu’elle refuse d’entendre.
« Visionnaire » encouragée par le docteur, en présence de sa mère, son frère et sa redoutable tante, Catherine, déjà fragilisée par un viol, «  délivrera » et qui sait, « se délivrera » au cours d’un insoutenable récit, sur le déroulement terrifiant, glaçant, de la mort de Sebastien.
Victime expiatoire, martyre consentant?
Sebastien, poète soudain privé d’inspiration, n’étant plus qu’un  touriste fortuné se servant de sa cousine  comme d’un appât : « Je racolais pour lui »   se pavanant au milieu des affamés, mentalement cannibalisé par sa mère finira à son tour en proie «  dévorée ».
« Qu’on arrache cette hideuse histoire de sa cervelle » hurle Mrs. Venable.
« Nous devrions au moins prendre en compte que l’histoire de cette jeune fille puisse être vraie » conclue le docteur, rendant  audible la parole d’une «  folle ».
Fin déchirante.
Evidentes allusions à la vie de l’auteur et à celle de sa sœur Rose.
 
Dans la spectaculaire scénographie aussi créée par le metteur en scène, un jardin imaginaire apparenté à l’univers du Douanier Rousseau, il n’était pas indispensable de faire descendre des cintres les parois capitonnées pour l’enclore à l’arrivée de Catherine, comme d’en faire disparaitre les lianes, telles des tentacules qui vous libèrent,  au moment où va débuter le récit.
Dans ce sud profond et oppressant, le choix d’un docteur de couleur, Jean-Baptiste Anoumon, très juste au demeurant, mais qui se présente comme polonais d’origine, surprend.
 Pour cette mère dévorante et possessive, presque incestueuse, » Nous formions un couple légendaire » dit-elle, qui choisit comme métaphore « la toile d’araignée déchirée », jusqu’alors tissée par elle jusqu’à son remplacement de sa nièce auprès de Sebastien,   comme la cause fatale au soudain manque d’imagination de son fils, on ne peut qu’imaginer une comédienne au tempérament de feu, un personnage  de tragédie grecque, une Maria Casarès au sommet de son art.
Terne et sans éclat la Mrs. Venable de Luce Mouchel, ennuyeuse toujours,  demeure platement falote.
Fragile, troublante, instable et surprenante seule la jeune Marie Rémond confère au dernier acte une véritable dimension dramatique, éprouvante, émouvante, horrifiante.
 
Loin de posséder talent,  profondeur, acuité ou poésie comparables à Ibsen ou Pirandello avec lesquels Braunschweig s’enhardit à établir un  parallèle, Tennesse Williams reste un auteur daté, terriblement ; verbeux, encore davantage.
Les fêlures remplacent le souffle,
Les blessures, le génie dramatique.
Par ces seuls côtés, l’homme touche.
Pas le dramaturge.
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