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Le Testament de Marie de Colm Toibin avec Dominique Blanc, mise en scène Deborah Warner au Théâtre de l’Odéon jusqu’au 3 juin.

14/5/2017

4 Commentaires

 
Portrait d’une femme ordinaire
Cela commence par un tour sur le plateau ;
Enchanté, le public autorisé à monter sur scène, mitraille le décor à l’aide des portables.
Imaginez,  Marie, statufiée dans sa vitrine de verre. Voile bleu, robe incarnat, branche de lys sur les genoux, rangées de lumignons de couleurs alignés devant elle, seules ses lèvres remuent. Elle psalmodie.
Au sol les instruments de la passion.
A cour un arbre suspendu.
A jardin, un vautour vivant sur son perchoir,
Au fond un autel couvert de lampes qui se consument.
Grandiose tableau : du plus pur sulpicien.
 
Le public ayant regagné ses places, et arrivés Philippe et Stéphanie Tesson derniers retardataires, Comme par magie, Marie sort de sa cage qui s’élève jusqu’aux cintres. Libérée de son voile, se déploie son opulente chevelure.
 Majestueuse, souveraine, vautour au poing, elle quitte lentement la scène soudain plongée dans le noir quand s’abat un long voile.
 
Une fois la lumière revenue, une femme ordinaire fait place à l’effigie.
Prise au réveil, une fois dégagée d’un grand drap blanc qui l’enveloppe, (maillot de nouveau-né, camisole de fou ?) elle apparait,  baba-cool vieillissante, visage blafard, lèvres minces, longs cheveux filasses, tee-shirt blanc, pantalon informe, chemise bleu passé, boots éculées.
Là débute son récit.
Jusqu’à la crucifixion de son fils, qui enfin dégage quelque force dramatique,
Volontairement rédigée avec platitude,
Interprétée au premier degré,
 La relation des épisodes de la vie du Christ, pareils à de banales histoires, s’apparente  aux caquetages sans intérêt d’un être frustre :
Une  brave villageoise qui ne comprend pas l’engagement de son fils et de « sa bande de désaxés », regrette ses déplacements, déplore le gaspillage de ses qualités, s’exprime comme une commère.
Parti pris qui rend d’un ennui fatal l’essentiel du spectacle,
Volonté délibérée qui rend insipide jusqu’aux affres vécues par cette mère impuissante à sauver son enfant, jusqu’à l’histoire de ce personnage qui a «  transformé » le monde.
 
Deborah Warner affirme vouloir faire résonner «  La puissance de la parole donnée à cette femme »
Loin d’y parvenir, l’interminable texte de Colm Toibin, vide, indigent, ne suscite qu’indifférence (la barbarie de la crucifixion exceptée).
Albert Cohen, en quelques phrases truculentes, avait autrement su donner au « personnage » toute sa touchante proximité.
 
Après l’inoubliable «  Maison de Poupée » quelques années plus tôt, les retrouvailles avec Dominique Blanc tant souhaitées depuis par la metteur en scène, ne laisseront qu’un pâle souvenir.
 Celui d’un «  Must » de la saison auquel il fallait « consacrer ».
Un rite sans chair ni âme.
4 Commentaires
jacqueline chambord
14/5/2017 12:38:24 pm

oulle!…..

Répondre
Sisto Oscar
14/5/2017 02:08:10 pm

Chère Lulu, vos commentaires au sujet des retrouvailles Warner-Blanc et de leur collaboration m'a fait froid dans le dos.
Tellement justes et imagés qu'on a du mal à penser que vous vous êtes ennuyée lors de cette représentation!!!!
Bravo encore pour ce que vous faites.
Best regards
OS

Répondre
Mathilde POUSSEO
15/5/2017 11:27:44 am

Bonsoir,

J'ai assisté hier à la représentation de la pièce. Tout au long du texte, j'avais l'impression de regarder une de mes patientes psychotiques. Ce rapport à la réalité déchirée, le lyrisme débridé, les cris et les envolées outrancières, pour finir par un éclair de lucidité.
J'aurais compris.
Et j'ai fini par comprendre que tout ça était à prendre dans un sens purement figuratif. ET là, je flippe un peu... Le jeu, le texte, la mise en scène sont tellement datés!

Répondre
martine depas
18/5/2017 12:50:35 am

Chère Lulu,

Si je peux être d'accord avec le début de votre critique pour le pré-spectacle, je ne le suis absolument pas pour la suite, le texte n'est à la base pas ennuyeux et notre plus grande actrice actuelle Dominique Blanc rend son histoire crédible, poignante, sans
pathos et sans hystérie. Contrairement à ce que dit Mme Pousseo, il n'y a aucun lyrisme mais au contraire une histoire simple racontée avec des mots de tous les jours par une femme que les évènements dépassent. Tous mes voisins comme moi étaient ravis de leur soirée.

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