Rire sans ...trop rougir.
Avoir Sophie Marceau, après douze ans d’absence sur les planches, représente en soi un atout majeur.
Lui adjoindre François Berléand pour partenaire complète parfaitement cette distribution.
Elle ne pouvait que combler les attentes d’un large public toujours attiré par cette formule magique, gage de succès:
Rire et voir une «vedette» en chair et en os.
Faisant salle comble, une fois encore, la recette fait «recette».
Généralement réticente au théâtre de boulevard, Lulu toujours curieuse, voire mauvais esprit, a sacrifié au genre.
Force est de reconnaître des qualités à cette soirée.
Après les trois coups du brigadier, bonheur d’un rituel généralement abandonné, le rideau s’ouvre sur un salon au mobilier légèrement décati. Au fond un canapé. Une corde de potence pend au milieu de la scène, elle est reliée au pied d’un piano à queue.
Assis devant un petit bureau, Julien, François Berléand, chiffonne nerveusement une feuille de papier qu’il jette au sol au milieu d’autres feuilles froissées.
Il projette de se pendre, sans parvenir à rédiger son mot d’adieu.
Soucieux d’autres détails, il se «dépendra» une première fois pour prévenir la femme de ménage de venir très tôt le lendemain matin afin de laisser tout «impeccable» pour le retour de Madame, puis une seconde pour chausser d’épaisses lunettes de soleil.
Magistral déjà dans cette courte scène, les hésitations du comédien provoquent immanquablement le rire
L’arrivée imprévue de Maud, son épouse de retour de voyage, mettra un terme à ses velléités.
Sa révolte face au geste«désespéré» de Julien donnera lieu à un règlement de compte sans fard entre les deux époux, lui psychanalyste de renom, elle pianiste mondialement connue.
Ainsi nous découvrirons ce couple comblé dans l’impasse de leur existence.
Déceptions, insatisfactions, rancunes, perte du désir réciproquement reprochés, désir d’évasion, pourraient donner lieu à des dialogues d’une platitude affligeante, relever de la psychologie de comptoir.
Le sens du rythme et de la progression dramatique, la pratique de la dérision dans les dialogues manifestés par Audrey Schebat nous sauvent de la vulgarité pour nous révéler une jolie fragilité chez ces deux êtres qui finissent par se retrouver avec tendresse avant de reprendre leur existence enfin acceptée.
Devenue filiforme, plus que jamais séduisante, Sophie Marceau, si décevante dans «Histoire d’âme», Lulu d’octobre 2011, est très bien dirigée par l’auteur. Ses froncements de sourcils, moues appuyées, gestuelle poseuse, compensent cependant un certain manque d’assurance.
A l’opposé, tout en retenue et subtilité, François Berléand se révèle ici à son meilleur. D’une présence remarquable, il confère à son personnage une attachante authenticité.
Audrey Schebat a tout pour être heureuse.
Son public aussi.
Lulu ne lancera aucun anathème.